
Les agriculteurs français seraient-ils trop productifs pour être considérés par leurs concitoyens ? C’est le paradoxe que souligne cet essai qui s’interroge sur les sources du désamour des Français pour un monde agricole aujourd’hui fracturé, voire balkanisé.
Si les physiocrates du XVIIe siècle étaient convaincus de l’importance de l’agriculture dans la dynamique économique d’un pays, il a fallu attendre les années 1970 pour comprendre les mécanismes et les relations qui relient l’agriculture au reste de l’économie. Pendant très longtemps l’activité agricole a été envisagée comme le stade primitif du développement économique qu’il fallait impérativement dépasser pour permettre le progrès économique et social. En réalité, progrès et agriculture sont intimement liés et on ne peut pas vivre dans une société développée sans s’appuyer sur une agriculture performante. Les termes de cette relation intime sont aujourd’hui brouillés et les rapports entretenus entre les agriculteurs et certains membres de la société se dégradent fortement avec une prolifération de conflits. Dans cet essai, nous revenons sur les racines de cette spirale dépréciative dans l’opinion publique en soulignant l’importance de réfléchir aux moyens de casser les stéréotypes et de briser les clôtures qui conduisent à isoler et marginaliser les agriculteurs dans l’imaginaire collectif, mais également au sein de la société française.
Gains de productivité et baisse de la valeur sociale des denrées agricoles (...)
Marchés défaillants et érosion des communs (...)