
Pour remettre de « la confiance dans la vitalité de notre vie démocratique », Emmanuel Macron, lors de ses vœux présidentiels, comptait poser « dans toutes les prochaines semaines les jalons d’un service national universel ». Un comble, pour un programme encadré en partie par des militaires.
(...) C’est surtout la preuve que ce dispositif, annoncé dès le 18 mars 2017 lors de la présentation des mesures du candidat d’En Marche en matière de défense, a, depuis, viré à l’obsession dans la tête du chef de l’État. Car depuis le début du SNU, ni les jeunes, ni les organisations qui les représentent, ni les enseignants, ni les personnels de l’éducation populaire n’en veulent ou n’en voient l’urgence. (...)
Ce qui préoccupe le locataire de l’Élysée, ce ne sont pas les chiffres des Restos du cœur, dont le président de l’association vient d’annoncer que la moitié des bénéficiaires ont moins de 25 ans, un mois après que les députés macroniens eurent voté contre les repas à 1 euro dans les universités. Ni le taux de chômage des jeunes actifs, deux fois plus élevé que pour le reste de la population. Pas plus le taux de pauvreté qui concerne presque un tiers des 18 à 24 ans en France, selon une étude récente de la Drees. Et ne parlons pas de la confiance en l’avenir, noirci par la crise climatique et les inégalités.
Seul dans son palais, à l’abri de toutes contestations, le président ressasse son unique et grand projet pour la jeunesse. (...)
Quoique s’en défende le gouvernement, la militarisation du SNU est en marche depuis le début. (...)
Interdiction de passer le bac pendant 5 ans ?
Pour sauvegarder la démocratie, le président de la République songe donc à grossir les rangs de l’armée. Inspiré par les méthodes de la Grande Muette, le dispositif pourrait être obligatoire. Et quiconque s’y opposera en subira les conséquences. Silence dans les rangs ! Le gouvernement réfléchit à plusieurs mesures notamment sur Parcoursup. Voire, selon nos informations, l’interdiction de passer le baccalauréat pendant cinq ans. (...)
Une hypothèse de travail qui révèle à quel point la pilule SNU doit être avalée… quoi qu’il en coûte. (...)
Une dérive qui inquiète les acteurs de l’éducation populaire. « On crée le cadre d’un outil terrifiant si le Rassemblement national arrive au pouvoir », dénonce l’un d’entre eux. À l’Assemblée comme à l’Élysée, tout est fait pour donner des gages à l’extrême droite. Quitte à faire sombrer la démocratie. (...)