
Alors que les délogés se sont réunis samedi après-midi, à l’initiative du Collectif du 5 novembre, afin d’exprimer leur détresse et élaborer des réponses collectives, on apprenait que les immeubles dont ils ont dû partir ne restaient pas sans attention. Mais pas forcément une attention bienveillante. Des propriétaires d’un immeuble décrété insalubre ont ainsi reçu un courrier de la part d’Alliance 52, une société spécialisée dans le secteur des activités des marchands de biens immobiliers.
Chaque mot vaut son pesant d’indignité. Lisez : « Afin de ne pas vous déranger et par correction, nous avons choisi de faire notre demande par courrier. Étant informé de la mise en péril de l’immeuble situé au 49, rue Saint-Pierre, 13005 Marseille, par le service de l’urbanisme de la Ville de Marseille et dans lequel vous possédez des biens, nous serions éventuellement acheteurs de ceux-ci. À titre d’information, nous sommes investisseurs et nos conditions de paiement sont sans prêt bancaire. Si notre proposition d’achat vous intéresse, nous nous engageons à prendre en charge tous les coûts administratifs engendrés par la mise en péril (travaux, relogement du locataire présent…). » S’ensuivent les traditionnelles formules de politesse ainsi que les coordonnées du gérant.
Pour le Collectif du 5 novembre, c’est la confirmation de « ce que nous dénoncions depuis deux mois : des spéculateurs sans états d’âme se jettent comme du pain bénit sur les immeubles évacués ». Nombre de propriétaires-occupants ont reçu un courrier du même type ou des propositions de même nature. « Sans un véritable encadrement des opérations de rénovation et des loyers, sans des conditions de plafonnement des loyers adossées aux aides à la rénovation, sans la création de logements sociaux diffus, etc., cette ville appartiendra aux spéculateurs dans quelques années, dénonce le Collectif. Nous réclamons la protection des occupant·e·s et des petits propriétaires et un plan de lutte contre l’habitat indigne public et privé à la hauteur des enjeux, fait par et pour les habitant·e·s de Marseille ! »
« On a perdu tous nos repères, la situation est lamentable » (...)
Une nouvelle grande marche doit être organisée le 2 février dans les rues de Marseille « à l’avant-veille du prochain conseil municipal et au lendemain de l’anniversaire de l’appel de l’Abbé Pierre ».