
A la Guillotière, en plein Lyon, le dernier îlot composé en majorité de bâtiments d’activité doit partir en fumée pour accueillir... de nouveaux logements. Le collectif Habitons Mazagran, après plusieurs actions et propositions alternatives, interpelle les élus, les commissaires enquêteurs sur le PLU-H et tou.tes les habitant.es du 7ème et de Lyon à refuser un urbanisme basé sur la spéculation aux dépens de la vie collective.
À Lyon, au cœur de la Guillotière, le nouveau PLU-H entérine la démolition de l’intégralité du patrimoine industriel de l’îlot Mazagran (situé entre les rues Jangot, Béchevelin, Salomon Reinach et Capitaine Robert Cluzan). Le dernier îlot composé en majorité de bâtiments d’activité du 7e arrondissement de Lyon au nord des voies ferrées va disparaître et, avec lui, l’idée même d’une ville multiple et populaire. (...)
Le projet entend privatiser un îlot qui était pourtant destiné depuis 2005 à devenir un espace public : décrit en tant qu’emplacement réservé (ER) sur le PLU actuel, l’ER disparaît pourtant dans le futur PLU-H2, laissant place à un îlot de logements en couronne, relevant du secteur privé et social, quelques commerces, une crèche et un petit terrain de sport.
La forme urbaine choisie fait table rase de l’histoire plutôt que de chercher à la poursuivre et à la réinterpréter. Ces démolitions/reconstructions sont en rupture totale avec le besoin impérieux de réfléchir à des pratiques limitant le réchauffement climatique et favorisant le vivre-ensemble.
La taille des immeubles projetés, tant en hauteur qu’en épaisseur, est en rupture avec les caractéristiques et l’histoire de la Guillotière. (...)
En créant d’importants parkings en sous-sol, le projet limite les plantations en pleine terre en même temps qu’il plébiscite l’utilisation de la voiture, alors même que métro, tramway et bus sont à immédiate proximité. Ces infrastructures limitent considérablement les possibilités futures de réversibilité, les travaux ultérieurs devenant trop complexes et onéreux.
Le projet tient également très peu compte du besoin réel en locaux d’activités. Il prévoit notamment la destruction de plusieurs lieux d’activités sans solution de relocalisation in situ. (...)
En maximisant coûte que coûte la surface construite, la hauteur des bâtiments et le nombre de logements, nous reproduisons des erreurs anciennes. À mal densifier le centre-ville, on finit par en altérer l’attractivité : les rues se transforment en corridor sombres, sans vie, sans perspective. L’attractivité d’une ville se mesure t-elle au nombre de ses logements ? Fait-on un projet urbain avec des chiffres ? Que fait-on des habitants, de l’histoire, du contexte, de la géographie et désormais de l’urgence environnementale que nous ne pouvons plus ignorer ? Les chiffres doivent se mettre au service des idées, pas l’inverse. La ville générique et standardisée n’a plus sa place, et certainement pas à la Guillotière. (...)
Nous demandons à ce que les intérêts financiers servent la ville, et non pas fassent la ville. Nous sommes inquiets et nous nous interrogeons sur la considération accordée par la métropole à ses habitant·es et aux processus démocratiques. Un projet d’une telle importance pour le quartier ne peut pas, à nos yeux, se faire sans concertation publique ni participation citoyenne. L’intérêt collectif ne doit pas être écrasé par les intérêts financiers. (...)
Un projet d’aménagement de cet îlot est nécessaire et le désir des acteurs et habitants du quartier de participer à l’élaboration d’un tel projet est réel. Quelques bonnes idées émergent de l’OAP Mazagran telle qu’elle existe actuellement : logements à loyer modérés, activités en pied d’immeubles, crèche, terrain de sport. Pour enrichir ce projet, le collectif Habitons Mazagran a soumis aux citoyens rassemblés le 27 juin puis le 16 octobre des projets alternatifs (...)
Une autre ville est possible : belle, ambitieuse, solidaire et durable. (...)