
L’éducateur militant, ancien mineur placé, remet en cause avec fougue et brio un système d’aide à l’enfance qui broie plus qu’il n’aide les victimes.
Cela pourrait être un théorème : si et seulement si Lyes Louffok passe à la télé, alors des milliers de citoyens s’émeuvent du sort des enfants placés en France. Les messages de soutien pétaradent sur les réseaux sociaux trois jours d’affilée. Puis, rideau.
A la soixante-douzième heure, Lyes Louffok est formel : l’indignation se dégonfle telle une bouillotte percée. L’assertion se vérifie à chacune de ses interventions depuis huit ans. Dernière démonstration, sur France 2, lors de la diffusion le 15 novembre, d’un docu-fiction, sur son enfance pleine d’épines.
Le réalisateur Akim Isker n’a pas eu besoin d’en rajouter, la réalité dépasse l’imaginable. Les premières années de vie de Lyes Louffok ressemblent à un enchevêtrement de ratés et d’absurdités de notre système d’Aide sociale à l’enfance (Ase), que l’on appelait jadis la Ddass. Lyes Louffok est devenu « enfant de l’Etat », comme il dit, dès son arrivée sur terre : sa mère biologique a perdu la tête, il n’a pas de père.
Les premiers temps, il est placé chez un couple aimant, qui propose de l’adopter. L’Ase refuse, et leur arrache le petit quand ils déménagent dans le sud de la France. S’ensuit deux ans de calvaire, enfermé dans le placard d’une famille d’accueil maltraitante, sans école, ni matelas pour dormir. (...)
"Une société qui maltraite ses enfants, c’est une société qui met en péril son âme" : le coup de gueule de Lyes Louffok, ancien enfant placé (video du magazine "pièces à conviction"