Un responsable de revue en qui j’avais confiance me propose d’écrire un article - d’ailleurs sans pige mais en sciences humaines nous travaillons souvent gratuitement - sur De Gaulle en 1968. J’accepte en historienne & rédige le texte
Stupéfaction en recevant la revue en question. Parmi les auteurs figure Emmanuel Macron évoquant De Gaulle sur le mode "Ne rien céder, jamais, de ce que nous sommes nous, Français." Et je découvre dans le même mouvement qu’on m’associe au Président de la République dans un tweet.
Glacée par ce voisinage, je demande que mon nom soit retiré du tweet en question. Le responsable accepte tout en me faisant une leçon : il n’a jamais vu ça, et mon message "questionne [son idée] du divers et de la tolérance. Du débat et du sectarisme." Rien que ça. Alors…
Je lui réponds : "Si je comprends bien, non content de solliciter des auteurs et autrices sans même ensuite les rémunérer ni les informer de la façon dont leur texte sera utilisé, vous venez me donner une leçon de tolérance en m’accusant de sectarisme ?…/…
Je vous remercie - et du traitement que vous réservez à celles et ceux qui font vivre votre revue par leur travail. Si c’est la première fois qu’une telle demande vous arrive, peut-être est-ce aussi parce qu’il est rare de mobiliser un Président de la République…/…
pour parler d’histoire et sans en informer les autres personnes sollicitées. Puisque vous vous intéressez à De Gaulle, vous connaissez peut-être cette réplique qu’un étudiant avait faite au Général : "Je ne serre pas la main de votre politique."…/…
Comme historienne, chercheuse et enseignante, il m’arrive bien sûr de voisiner avec des auteurs dont je n’approuve ni la démarche ni les prises de position. Je n’y vois aucun problème évidemment. …/…
Mais cela n’a rien à voir avec un chef de l’État dont pour ma part et comme des millions d’autres j’ai à souffrir de la politique gravissime et contre laquelle je serai en grève demain. …/…
Vous me parlez de "débat" comme si je n’en avais pas le sens. Je passe ma vie à débattre, et d’abord bien sûr en compagnie de personnes avec lesquelles je suis en désaccord radical. …/…
Mais où donc voyez-vous un "débat" dans une juxtaposition d’articles dont l’un émane d’un homme politique en campagne et qui continue de la mener ici en se drapant dans cet héritage ? J’y vois une pure et simple instrumentalisation.…/…
(...)
Près de 5 heures plus tard, le tweet n’est toujours pas retiré malgré ma demande.
Vous avez dit respect, débat, éthique, tout ça ?
L'homme de presse, qui m'a écrit encore ce matin avoir "beaucoup de respect et d'admiration pour [mon] travail" et
entendait m'infliger une leçon sur l'aptitude au "débat" contre le "sectarisme", m'a bloquée. CQFD— Ludivine Bantigny (@Ludivine_Bantig) January 12, 2022