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Loi Travail : écrivains et éditeurs critiquent “le discours policier et gouvernemental”
Article mis en ligne le 28 mai 2016

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Depuis 2 mois, et avec pas moins de 8 journées de mobilisation, le mouvement social contre la Loi Travail proposée par la ministre Myriam El Khomri est l’un des plus importants de ces dernières années. Hier encore, le monde du livre était représenté dans le cortège des manifestants, à Paris. Parallèlement, des écrivains et des éditeurs cosignent une tribune dans laquelle ils dénoncent « le discours policier et gouvernemental » qui cherche à décrédibiliser le mouvement sous prétexte d’actions violentes en marge des manifestations.

(...) Dans une tribune publiée aujourd’hui dans Libération, une centaine de personnalités et d’intellectuels dénonce « le discours policier et gouvernemental » qui vise selon eux à décrédibiliser le mouvement populaire de résistance à la Loi Travail. « Voilà deux mois que le gouvernement ne sait plus que faire pour venir à bout d’un mouvement auquel il ne comprend rien. Après avoir usé jusqu’à la lie la rhétorique anticasseur, il inaugure depuis la semaine dernière une nouvelle stratégie afin d’écraser ce qui lui résiste », annoncent ainsi les signataires de cette tribune.

Selon les signataires, les services de renseignement et le gouvernement caractérisent des « groupes organisés » en « associations de malfaiteurs » dans le but de « pétrifier tant la population que ceux qui luttent ». Et la tribune de citer l’exemple d’un groupe de 20 « casseurs » arrêtés à Rennes le 19 mai à la suite de soupçons de sabotage du métro. « Renseignements pris, le sabotage en question était une action de blocage économique décidée en assemblée générale interprofessionnelle et menée de concert avec la CGT-Route qui bloquait les axes routiers en périphérie de la ville », souligne la tribune. CQFD.

Même procédé, selon les signataires, lors de la manifestation du 18 mai à Paris, en marge de laquelle une voiture de police avait été incendiée Quai de Valmy :

Suite à l’incendie du véhicule, le gouvernement allumait un contre-feu en gonflant l’incident en « tentative d’homicide volontaire ». A cet effet, on occultera opportunément qu’à la vue des premiers manifestants, le policier a sorti son arme de service, voulant les repousser, et que ces mêmes manifestants ont aidé la policière à sortir du véhicule ; on transformera le bout de plastique, dont se défend le policier, en « barre de fer », des manifestants en « association de malfaiteurs » et on ira chercher des coupables présélectionnés par les services de renseignement parmi les militants de l’Action antifasciste Paris-Banlieue (AFA) [...].

Une stratégie de désinformation

Un modèle de désinformation que les médias, pris dans l’immédiateté des directs, ne prennent pas le temps de vérifier, souligne la tribune. « Qu’importe qu’après deux jours de garde à vue, le ministère de l’Intérieur lui-même concède dans les pages du Monde qu’il n’y a, en l’état, aucun élément permettant de lier ces quatre militants à l’incendie de la voiture », expliquent les signataires.

Ces derniers comparent la stratégie du gouvernement de Manuel Valls à celle « qu’avaient tentée Michèle Alliot-Marie et Alain Bauer à l’époque du raid antiterroriste de Tarnac : cibler sur les conseils des services de renseignement un groupe d’opposants à éliminer, leur imputer des faits controuvés, construire sur cette base une “association de malfaiteurs” et tabler sur le suivisme et la lâcheté médiatiques pour faire passer l’accusation dans l’opinion ». (...)

[N]ous appelons à soutenir les mis en examen de Rennes ou de Paris, ainsi que les lycéens, étudiants et manifestants mis en examen et qui parfois attendent en préventive leur comparution. Nous appelons à déjouer toute tentative de les isoler et de les instrumentaliser et à lutter pour l’abandon des charges extravagantes pesant sur eux : bref, à renverser l’accusation », concluent les signataires de la tribune.