
Lundi aux Mureaux, Manuel Valls a fustigé ceux qui refusent de construire du logement social, pointant une liste de 36 communes. En réalité, plus de 200 collectivités ne répondent pas à leurs obligations.
On peut être maires de villes situées dans des régions où sévit une grave crise du logement, et refuser de construire de l’habitat aux loyers accessibles. Les élus locaux, qui ne manquent pourtant jamais une occasion de rappeler qu’ils sont proches de leurs citoyens, savent ainsi faire fi des nécessités si la création de HLM déplaît à leurs électeurs. Pas question pour eux de risquer leur mandat pour appliquer la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU), qui exige un quota de 25 % de logements sociaux dans chaque commune. Une mesure destinée à répondre aux besoins des ménages modestes, mais aussi moyens, notamment dans les grandes agglomérations où les loyers du privé sont au zénith. Or ces villes carencées en HLM se situent toutes dans des territoires où la situation du logement est tendue : région parisienne ou lyonnaise, littoral méditerranéen ou aquitain, etc. Des régions qui se caractérisent aussi par la concentration de ménages défavorisés dans des quartiers devenus parfois des ghettos urbains. (...)
Le prochain bilan sera établi en 2017 pour la période triennale 2014-2016. Sur cette liste figurent des cancres absolus, comme les communes de l’Etang-la-Ville (Yvelines) ou Le Castellet (Var), qui devaient réaliser respectivement 48 et 54 HLM en 2011-2013, et qui en ont construit zéro. D’autres ont réalisé le minimum : 30 constructions sur les 108 prévues au Vésinet (Yvelines), ou encore 78 logements sur les 434 prévus au Cannet (Alpes-Maritimes). D’autres, encore, ont atteint leurs objectifs au tiers, à moitié, ou aux trois quarts. (...)
Près de 80 % des villes concernées remplissent les objectifs de réalisation de logements sociaux qui leur sont fixés pour chaque période triennale. Selon un bilan publié en avril par le ministère du Logement, la loi SRU a permis, depuis son adoption, la construction de 452 000 HLM dans les 1 022 communes concernées. Les grandes villes (Paris, Lyon, Montpellier, Dijon, Bordeaux, Aix-en-Provence…), notamment, ont construit à tour de bras, et au-delà des objectifs qui leur étaient fixés. En raison de la loi, bien sûr, mais aussi de la nécessité de loger des ménages modestes et moyens qui n’ont plus la possibilité de louer dans le parc privé. (...)
Lundi, aux Mureaux, le Premier ministre a annoncé la « mise en place de contrats de mixité sociale » dans les communes carencées. Dans ce document, la collectivité doit préciser les moyens qu’elle compte mobiliser pour réaliser des opérations de constructions. En cas de refus, le préfet se substituera aux maires pour réaliser les logements : il pourra préempter des terrains à bâtir et délivrer les permis de construire en lieu et place des élus.