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Logement : « Le gouvernement nous écoute, mais les choses n’avancent pas »
Article mis en ligne le 8 décembre 2012
dernière modification le 5 décembre 2012

Annonces de mesures de réquisition de logements vides, réforme de la loi SRU, limitation de la hausse des loyers d’un côté. Poursuite des expulsions locatives, aggravation du mal-logement, loi retardée de l’autre... Sylvie Guichard, directrice des missions sociales de la Fondation Abbé Pierre, revient sur les premiers mois d’action gouvernementale en matière de politique du logement. Une politique qui n’est pas encore à la hauteur des enjeux.

(...) Les expulsions sont en augmentation depuis dix ans. Cette année encore, on assiste à une hausse de 9 % des décisions de justice. Cela prend une ampleur dramatique. Le gros des expulsions est lié à des motifs d’impayés : les loyers ont augmenté de 50 % en dix ans, sans que les revenus suivent en proportion. Ce qui est particulièrement grave, c’est que tous les ans, y compris en 2012, avant la trêve hivernale, il y a une recrudescence du recours à la force publique. Quand on connaît l’impact d’une expulsion sur les enfants, leur scolarité, la vie familiale, c’est catastrophique. En termes financiers aussi, puisque c’est bien plus cher de loger une famille à l’hôtel que de la maintenir dans son logement. Nous sommes très choqués de constater que ce type de politique continue. On pouvait au moins espérer que des consignes fermes soient données aux préfets, leurs demandant d’être attentifs. (...)

les choses n’avancent pas. Des groupes de travail ont été mis en place. Sont-ils vraiment indispensables ? L’ensemble des mesures sont connues et partagées. Cela ne sert à rien de redemander leurs avis aux associations et de continuer à tergiverser. L’heure est maintenant à la prise de décision et au passage à l’action. D’autant que cela suppose des changements législatifs lourds, avec des réformes importantes pour la justice et l’administration, dont on risque de ne pas voir les effets immédiatement. Limiter la hausse des loyers était une mesure symbolique mais insuffisante. Le véritable enjeu est de faire baisser les loyers. (...)

Tant que nous n’aurons pas construit les 900 000 logements manquant, que le nombre des expulsions et des personnes à la rue augmentera, que certaines personnes auront besoin d’un accompagnement social vers le logement, des phases de transition sont évidemment nécessaires. Donc essayons au maximum de créer du logement et faisons en sorte qu’il y ait assez de places d’hébergement pour tout le monde, et pas uniquement l’hiver. Il y aura toujours besoin d’hébergements adaptés pour la personne mise à la rue, celle qui sort de prison, le gamin de l’Assistance sociale à l’enfance, les migrants sans droits ni titres. Au bout du compte, ce besoin n’est pas si énorme. (...)