
Pour la capitale portugaise, la pandémie de Covid-19, qui entraîne une chute vertigineuse du tourisme, est l’occasion de repenser la question des locations à courte durée –notamment celles effectuées via la plateforme Airbnb.
Accusées de dénaturer la ville et de provoquer une augmentation des loyers, forçant les locaux à fuir le centre historique, ces locations sont dans le viseur du conseil municipal de Lisbonne. Ce dernier vient d’introduire un programme appelé « Renda Segura », visant à transformer les habitations locatives de style Airbnb en logements abordables pour les habitant·es.
Le plan propose de payer aux propriétaires jusqu’à trois ans de loyer à l’avance afin d’imposer la décision de remplacer la location de leur logement à courte durée en une à longue durée. La ville se charge par la suite de trouver des personnes pour louer, grâce à un programme de logement destiné aux jeunes et aux familles à faible revenu.
La ville veut opérer ce changement alors que les réservations touristiques d’appartements ou de maisons sont en chute libre à cause de la pandémie –une baisse de 95% de ce secteur a été enregistrée entre mai 2019 et mai 2020, rapporte Bloomberg. (...)
Ce programme pourrait débloquer 1.000 nouveaux logements pour les locaux (...)
Lutter contre le surtourisme
L’arrivée massive de ceux et celles qui viennent visiter la cité portuaire est un véritable problème : l’attractivité touristique a fait exploser le prix d’achat d’un logement (+64% entre le premier trimestre 2017 et 2020) et a réduit de manière drastique l’offre pour les hébergements à louer sur une longue durée.
L’exemple est criant à Alfama, l’un des quartiers de la capitale portugaise les plus anciens et les plus apprécié par les touristes : l’augmentation des prix des sous-locations et d’achat a fait fuir les habitant·es, et 78% des appartements qui y ont été achetés en 2016 ont fini en locations à courte durée, précise Bloomberg.
Mais le programme « Renda Segura » n’est pour l’instant pas accueilli avec la ferveur escomptée. Les propriétaires préfèrent attendre que l’été passe pour voir si le tourisme reprend, afin de continuer à louer des hébergements temporairement.
Paris, Madrid, Berlin…
Lisbonne n’est pas la seule à souhaiter rééquilibrer le marché et reprendre la main sur ce phénomène. À Paris, Anne Hidalgo compte reconquérir 30.000 logements concernés par cette activité de location touristique, selon Le Monde. (...)
À Madrid, les règles de la politique locative se sont également durcies, avec pour objectif de fermer progressivement plus de 10.000 appartements loués par les visiteurs.
En Allemagne, Berlin va plus loin encore : tous les loyers dans la capitale sont gelés jusqu’en 2025 et les propriétaires qui ne respectent pas les différents règlements de location pour un temps limité risquent une copieuse amende de 100.000 euros.