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La voix du nord
Lille : d’une Bourse du travail à l’autre, les Roms sont hébergés par les syndicats
Article mis en ligne le 31 octobre 2013

Lundi soir, les organisations syndicales ont reçu des visiteurs inhabituels à la Bourse du travail de Fives : la centaine de Roms expulsée du campement de Lille I. Le bâtiment n’étant pas équipé pour recevoir une population, les organisations syndicales ont tenté mardi de les installer dans l’ancienne Bourse du travail, au même moment où une entrevue était organisée à la préfecture. La police est intervenue. Après l’échec des tractations, les Roms sont retournés à la case départ, à Fives.

Soixante Roms à l’intérieur de l’ancienne Bourse du travail, quarante à l’extérieur. Entre-deux, un cordon de police empêche toute entrée dans le bâtiment. Quelques têtes de Roms passent entre les barreaux des fenêtres de la pièce où ils sont cloîtrés. « Solidarité ! Solidarité ! Solidarité ! », scandent-ils en cœur avec le reste de leurs familles, coincées sur le trottoir de la rue Jeanne-d’Arc. « Nous cherchons un lieu décent pour eux. Quelque part où ils pourraient être à l’abri », annonce Stéphanie Pryen, militante du collectif Solidarité-Roms. Depuis lundi soir, les Roms sont hébergés à la Bourse du travail de Fives, après avoir été expulsés de leur campement de Lille I.

La préfecture ne propose pas d’hébergement

Une situation intenable pour les syndicats, qui décident d’installer les Roms dans l’ancienne Bourse du travail, plus spacieuse. Mais à l’arrivée, les policiers sont là. « Ils nous ont dit que la mairie avait porté plainte, elle est propriétaire du bâtiment », indique Olivier Treneul, de l’union syndicale Solidaires.

Les premiers Roms sur place, arrivés en voiture, ont pu s’introduire dans le bâtiment. Le deuxième convoi est arrivé trop tard : la police barrait déjà l’entrée. « J’y suis, j’y reste, je ne partirai pas ! », hurlent les Roms, en groupe. Ils attendent le résultat d’une entrevue des représentants des organisations syndicales avec des responsables de la préfecture. « On va rentrer, c’est sûr », pense une petite fille rom. Elle va être déçue. La nouvelle de l’échec des tractations tombe. Pas de solution d’hébergement dans l’immédiat de la part de la préfecture. D’emblée, Roms et organisations syndicales ne savent plus comment réagir. « Si les policiers demandent de sortir, les Roms le feront de leur plein gré. Il y a des femmes enceintes et des enfants, ils ne vont pas résister », témoigne un militant. C’est ce qu’ils font, en sortant sous les applaudissements des Roms restés sur le trottoir.

La nuit est tombée. Il faut maintenant trouver où dormir cette nuit. Les responsables des organisations syndicales sont arrivés sur place et débriefent. « Le débat avec les forces publiques a été difficile à entendre », souffle Vladimir Nieddu, secrétaire régional du syndicat Solidaires. « En gros, ils ont dit qu’ils étaient prêts à proposer "gratuitement" un charter pour les renvoyer en Roumanie. Et qu’ils pouvaient récupérer leurs caravanes (confisquées lors de l’expulsion du camp de Lille I, lundi), à condition de présenter une carte grise », ajoute Vincent Delbar, secrétaire général de la CGT du Nord. Dans un communiqué de presse, la préfecture a rappelé qu’une famille avait été relogée lundi. Mais rien pour le reste du groupe. « Ils comptent sur notre conscience sociale, juge Vladimir Nieddu. Ils savent qu’on est là pour organiser la solidarité. » La solution trouvée est de retourner à la Bourse du travail de Fives, mais d’installer les Roms dans la salle polyvalente, pour ne pas laisser dormir la plupart sous une tente.

Les syndicats vont interpeller la mairie (...)