
Le 17 avril est célébrée la Journée internationale des luttes paysannes.
En ce jour, nous commémorons le massacre de 21 paysans sans terre en 1996 à Eldorado dos Carajás, au Brésil, alors qu’ils et elles manifestaient en faveur d’une réforme agraire cohérente.
Cette journée est importante pour l’Europe, où l’agriculture paysanne représente la majorité des fermes et offre des modèles économiques équitables et durables.
Au sein de l’UE, malgré la diminution du nombre de fermes et la concentration croissante des terres dans les mains de quelques-uns, l’agriculture reste majoritairement une agriculture de petite échelle.
Selon des rapports publiés en 2015 et 2016, 11_885_000 (97%) fermes sont inférieures à 100ha [1] et 69 % sont inférieures à 5ha [2].
Ces petites fermes, et les personnes qui y travaillent, sont la clé des fondements mêmes de toute agriculture : les systèmes semenciers paysans, d’où sont nées toutes les semences, le travail et la conservation de la terre pour qu’elle soit fertile et diversifiée et la transmission de connaissances qui ont réussi à nourrir la population depuis des milliers d’années.
Un système alimentaire durable - capable de garantir une alimentation saine à l’ensemble de la population, de revigorer les zones rurales et de préserver la diversité territoriale, biologique et culturelle - a donc besoin de davantage de paysannes et de paysans.
Aujourd’hui, dans une lettre signée par des organisations paysannes, des alliés et des universitaires, nous soulignons le rôle clé des petites et moyennes fermes paysannes dans la résolution des crises sociales, environnementales et alimentaires actuelles à différentes échelles et à différents niveaux.
Nous sommes à la croisée des chemins :
– la pandémie COVID-19 est en cours et il est impossible d’en prévoir la fin ;
– la réforme de la PAC est en trilogue et les plans stratégiques nationaux sont en cours d’élaboration ;
– l’Union Européenne met en œuvre le Pacte vert pour l’Europe avec la proposition de Loi loi européenne sur le climat, la stratégie Biodiversité et la stratégie « De la ferme à la table ».
Il est temps de transformer ces objectifs en actions cohérentes.
La pandémie de COVID-19 nous rappelle qu’il est absolument nécessaire de reconstruire notre résilience et de progresser vers la souveraineté alimentaire. (...)
Nous demandons également une politique alimentaire européenne commune, soutenue par un Conseil Alimentaire Commun qui échangerait avec les conseils alimentaires locaux. (...)
Nous demandons également une politique alimentaire européenne commune, soutenue par un Conseil Alimentaire Commun qui échangerait avec les conseils alimentaires locaux. (...)
Les fermes-usines doivent être clairement interdites en Europe (...)
En ce moment même, les trois principales institutions de l’UE finalisent la réforme de la PAC post-2020. Il n’y a aucune excuse pour ne pas intégrer pour la première fois la conditionnalité sociale et mettre en œuvre une distribution plus équitable des subventions. (...)
Non seulement l’agroécologie protège des agroécosystèmes sains, mais elle implique également la présence de nombreux.euse.s travailleur.euse.s qui assurent leur gagne-pain et leurs droits. Une fois de plus, les petites fermes doivent être soutenues. Par conséquent, à un niveau plus large, les importations et les exportations de produits agricoles doivent également être réduites de manière drastique, et la production régionale doit être encouragée.
Tous les produits agricoles entrant dans l’UE doivent répondre aux mêmes normes sociales et environnementales que celles appliquées à la production européenne, il s’agit d’une priorité.
l’industrie biotechnologique a mené une vaste campagne de communication pour supprimer la réglementation et l’étiquetage des nouveaux OGM
Puisque la question de la numérisation et des nouvelles technologies dans l’agriculture est omniprésente dans les débats politiques actuels : il faut être clair : la technologie ne doit pas conduire à la désertification des zones rurales. (...)
Les paysan.ne.s doivent également avoir les moyens de garantir la sécurité et le contrôle de leurs données, et il faut fermement appliquer le principe de précaution et d’information pour toute promotion de nouvelles innovations. Les impacts sociaux et environnementaux doivent être étudiés sur le long terme et les résultats doivent être librement diffusés. Nous demandons la création d’un observatoire pour suivre ces impacts. (...)
La terre ne doit plus être traitée comme une marchandise, mais comme un bien commun et multifonctionnel.
(...) Les débats en cours sur la réglementation des nouveaux et anciens organismes génétiquement modifiés sont également alarmants. Ces dernières années, l’industrie biotechnologique a mené une vaste campagne de communication pour supprimer la réglementation et l’étiquetage des nouveaux OGM, que certains appellent à tort « nouvelles techniques de sélection végétale » afin de semer la confusion dans l’esprit des citoyens. Pourtant, contrairement à ce qui est communiqué, ces technologies ne sont pas adaptées à une agriculture durable.
Pour les organisations paysannes, ces solutions agronomiques facilitent non seulement la concentration du pouvoir par le biais des brevets dans le secteur des semences, en contradiction flagrante avec les droits des paysan.ne.s aux semences, mais elles ne sont pas axées sur une recherche agricole basée sur l’adaptation, mais plutôt sur une orientation génétique contre nature qui veut optimiser un modèle agricole basé sur la monoculture et qui pousse les phytopathogènes à muter rapidement et à devenir encore plus dangereux, (...)
L’accès au foncier agricole doit aussi être facilité pour permettre l’installation de nombreux nouveaux paysans et paysannes. (...)