
EELV, le PCF et le PG, ainsi que de nombreuses associations, collectifs, engagés dans le soutien aux migrants, adressent une lettre ouverte à Manuel Valls et Bernard Cazeneuve sur la situation migratoire à Calais et aux environs, ainsi que sur le littoral de la Manche et de la Mer du Nord. Leur constat : « Rien n’a changé en matière de politique migratoire » depuis l’élection de François Hollande.
Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre de l’Intérieur,
La politique migratoire que vous menez aujourd’hui à l’encontre des exilé.e.s présent.e.s dans la région de Calais et sur le littoral de la Manche et de la Mer du Nord n’est guère différente de celle que les socialistes avaient sévèrement critiquée à l’époque où ils étaient dans l’opposition. Au moment de l’évacuation, à l’initiative du ministre de l’immigration d’alors, de la “ jungle des Pashtouns ” à Calais en septembre 2009, le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, avait dénoncé une « opération de communication », qui n’allait pas « régler le problème » puisqu’« il n’y a pas une jungle mais des jungles » et que « les réfugiés vont aller ailleurs ». Il fallait, concluait-il, « régler la question, autant qu’il est possible, à l’échelle de l’Europe » (lire dans le NouvelObs.com).
La maire de Lille, Martine Aubry, de son côté, avait qualifié l’évacuation de cette jungle d’« acte totalement inhumain qui ne réglera pas le problème », de « faire semblant, comme quand on a détruit [le camp de] Sangatte ». Jack Lang, alors député du Pas-de-Calais, diagnostiquait lui aussi que l’opération ne ferait « que déplacer les exilés, les dissimuler ». « Ce ne sont pas, poursuivait-il, d’improbables et incertaines procédures d’asile qui offriront une perspective adaptée aux migrants, et encore moins des retours qui n’ont de volontaires que le nom », avant de conclure : « Le temps n’est-il pas venu de concevoir une politique humaine qui, à travers une pluralité de lieux d’accueil, permettrait de rendre une dignité à ces personnes ? »
Vous agissez donc aujourd’hui en parfaite contradiction avec la position que vous défendiez il y a à ? peine quatre ans. Ces initiatives, comme celles que vous avez prises au cours des deux dernières années, montrent que rien n’a changé en matière de politique migratoire.
Vous manquez de courage quand le gouvernement français décide de mener des opérations policières à l’encontre de populations vulnérables, des femmes, des hommes, des enfants qui errent depuis des mois sur les routes, dorment dehors à des températures bien souvent inférieures à 10 degrés, et sont parfois en grève de la faim pour être entendues. Lors de ces opérations, il a été constaté à plusieurs reprises des brutalités d’agents des forces de l’ordre avec l’usage de gaz lacrymogènes, des placements dans des centres de détention de personnes que la police aux frontières n’arrivera pas à expulser. Quelques jours après l’évacuation policière du 2 juillet 2014, les tribunaux administratifs et les juges des libertés et de la détention (JLD) ont remis en liberté la plupart des étranger.e.s interpellé.e.s sur la base de violation de leurs droits au moment de leur rafle. Ces pratiques sont récurrentes depuis la fermeture du camp de Sangatte en décembre 2002 et sont liées en partie à l’externalisation des contrôles migratoires britanniques sur le territoire français. (...)