
Fabienne Orsi, chercheuse engagée dans la défense de l’hôpital public, co-initiatrice de l’Appel à la tenue d’un Atelier démocratique et populaire pour la refondation du service public hospitalier, a adressé une lettre à la direction de l’APHM à l’occasion d’une expérience sensible, lettre qu’elle a choisie de rendre publique en solidarité avec toutes celles et tous ceux qui continuent de se mobiliser pour un hôpital public humaniste et de qualité. En publiant cette lettre, Fabienne Orsi en appelle également à la nouvelle maire de Marseille qui, traditionnellement, est aussi présidente du Conseil de surveillance de l’APHM. Pour elle, il y a urgence.
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Il y a 9 mois vous refusiez que se tienne à la Timone le débat public que j’organisais avec des collègues chercheurs et que nous avions intitulé « Où va l’hôpital public ? ».
Aujourd’hui, voyez où nous en sommes. Les soignants n’en peuvent plus de manifester leur colère et leur rage face à des autorités publiques sourdes à l’état de déliquescence du service public hospitalier.
Et vous, quelle est votre position ? Quelle est la position de la direction de l’APHM ?
Nous aimerions tellement vous entendre, nous, « usagers » de l’hôpital public de Marseille.
Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui font que dans le sixième pays le plus riche du monde, dans la deuxième ville de France, l’hôpital public soit dans un état de pourrissement sans nom, des chambres sans douche, sans eau chaude, des fenêtres sans stores, sans gel hydro-alcoolique ?
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, alors que la qualité de l’alimentation est la condition première d’une bonne santé et devrait donc être à la base de toute démarche de soin, ce sont des plateaux-repas industriels et insipides qui sont servis aux patients, des plateaux-repas qui coûtent une fortune aux contribuables et qui vont à l’encontre de toute logique environnementale ?
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, dans le plus moderne des services d’urgences, on peut y attendre plus de quinze heures sur un brancard, dont six à attendre un scanner car un seul scanner est disponible la nuit dans le plus grand hôpital public de Marseille ? Que les patients âgés, perdus, fragiles soient attachés à leur brancard faute de personnels pour en prendre soin, qu’aucune distribution de masques ne soit régulièrement faite aux patients pendant leurs longues heures d’attente aux urgences ? Rappelez-moi combien dure l’efficacité d’un masque chirurgical ? (...)