
Je me permets, Monsieur Onfray, de vous écrire au sujet de Greta Thunberg. J’espère que vous pardonnerez mon insolence, probablement inhérente à ma jeunesse, de répondre à ce message qui ne m’est pas adressé. Je n’ai plus 16 ans, certes, mais je crois faire encore partie de la génération qu’on appelle communément « des jeunes », ceux-là même qui plient l’index et le majeur pour nuancer le propos. Votre message ne m’est pas adressé, mais il me concerne car j’ai fait de l’Ecologie mon métier. Enfant, déjà, j’y étais déterminée. Je l’ai encore en moi, cette nausée de voir la Vie détruite par une seule espèce, si prétentieuse, si sûre de son immortalité. Je n’avais pas 10 ans, Monsieur, et cette injustice me révoltait.
Je ne suis pas heureuse de voir Greta Thunberg à la tribune de l’Assemblée nationale, pas plus que vous. Je ne suis pas heureuse de constater que lorsqu’il est question d’écologie ou d’écologisme, les scientifiques invités à s’exprimer sont plus souvent astrophysiciens qu’écologues. J’aimerais voir défiler derrière cette tribune une délégation des 15 000 scientifiques qui alertent depuis des années les pouvoirs publics. J’aimerais voir défiler derrière cette tribune les grands pontes de l’Ecologie, les femmes et les hommes qui ont dévoué leur carrière et parfois même leur vie à cette grande cause qui est la nôtre et, plus encore, celle de nos enfants. Je ne suis pas heureuse de constater qu’il faut en arriver, pour se faire entendre, à envoyer au-devant de la scène une adolescente, qu’elle soit volontaire ou messagère. Mais qu’elle y aille. Qu’elle se présente aux rendez-vous, qu’elle tienne les tribunes, qu’elle pique ces braves décideurs s’il le faut. (...)
lire aussi :
Michel Onfray se déchaîne sur Greta Thunberg, Twitter lui répond
Michel Onfray, dont on n’avait plus entendu parler depuis un moment, a publié le 24 juillet un post de blog dans lequel il se déchaîne contre Greta Thunberg. La veille, l’adolescente suédoise de 16 ans, initiatrice du mouvement de grève scolaire pour l’action des gouvernements contre le dérèglement climatique, avait délivré un discours alarmant à l’Assemblée nationale, où elle avait été invitée.
“Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va”
Le philosophe ne goûte pas la fascination que suscite la militante écologiste et il a donc employé tout son “talent” de polémiste pour tenter de la discréditer. Et, comme dans la cour de récréation (dont il se pense si loin), cela commence par... le physique. (...)
Sur le fond, le philosophe qui se dit libertaire estime (quelle originalité) qu’elle est manipulée, et qu’elle n’est en quelque sorte qu’une marionnette au service du "capitalisme vert". Elle ne peut pas être l’autrice des textes qu’elle prononce, explique-t-il, en la déshumanisant encore une fois (...)
Un troupeau de moutons de cette génération”
Enfin, c’est plus globalement cette génération, qui prend exemple sur Greta Thunberg et qui se mobilise pour contraindre les gouvernements à l’action, qu’il cible. Il utilise la rhétorique classique des conservateurs et l’argument éculé du panurgisme (...)