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Les visées néolibérales sur l’éducation
Article mis en ligne le 3 décembre 2013
dernière modification le 30 novembre 2013

Ce sont les visées néolibérales sur l’éducation qui démolissent le système éducatif. Elles peuvent être décrites en quatre objectifs : faire de l’éducation un marché rentable ; former une main d’œuvre « employable » ; fabriquer l’ « homme néolibéral » ; écraser la capacité de résistance des enseignants et personnels de l’Education nationale.

Cette stratégie néolibérale doit trouver en face d’elle une opposition résolue sur chacun de ces points, dans la perspective du système éducatif pour un socialisme du XXIe siècle. (...)

Le système public éducatif, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, peine de plus en plus à remplir sa mission. On constate partout une dégradation des moyens qui lui sont accordés : réduction des effectifs enseignants titulaires par le non-remplacement des départs en retraite ; substitution d’emplois stables par des enseignants précaires ou non titulaires ; augmentation du nombre d’élèves par classe ; réapparition de l’apprentissage à 14 ans ; travail de nuit à 16 ans ; blocage des salaires du personnel ; développement des écoles privées ; droit d’entrée à l’école primaire dans certains pays ; privatisation d’éléments du système éducatif…

Comme ailleurs, en France l’efficacité du système éducatif public suscite les controverses : le niveau des élèves monte-t-il ou baisse-t-il ? Certains constats factuels peuvent être fait : baisse du niveau de français à l’entrée en 6e ; stagnation du nombre de bacheliers depuis le milieu des années 90 ; persistance d’un haut pourcentage d’échec scolaire ; fin de la progression régulière du niveau moyen des connaissances ; aggravation des difficultés pour les plus faibles ; augmentation des tensions, voire de la violence, entre les élèves et contre l’institution ou ses représentants ; sélection massive lors du premier cycle universitaire... (...)

La création du marché de l’enseignement prend plusieurs formes : la privatisation totale, par l’encouragement au développement de l’enseignement privé ; la privatisation partielle de sous-ensembles du système éducatif ; la décentralisation ; les nouvelles technologies de l’enseignement.

La privatisation totale du système éducatif est un objectif central des politiques néolibérales. Il se réalise de manière très inégale selon les pays et à l’intérieur de chaque pays selon les secteurs et consiste en avantages accordés à l’enseignement privé. Tout repose sur le fait que les parents, lorsqu’ils en ont les moyens, sont prêts à dépenser beaucoup d’argent en payant à leurs enfants des études dans les « bons » établissements, les « bonnes » filières et les « bonnes » classes. Ils considèrent que c’est un moyen de donner à leurs enfants toutes les chances d’obtenir un emploi stable et rémunérateur. Les familles disposant d’une certaine sécurité d’emploi et de revenus, sans être véritablement « à l’aise », fuient les quartiers et villes « sensibles » qui ont le recrutement scolaire le plus populaire. C’est chez ces parents – et pas seulement parmi les classes moyennes supérieures - que se trouvent les centaines de milliards d’euros qui peuvent alimenter le marché privé de l’enseignement.

La tactique utilisée pour faire émerger le marché de l’éducation est simple : c’est celle qui a déjà été appliquée avec succès aux autres services publics pour les démanteler. On coupe les crédits, on organise la pénurie et le désordre, on laisse la violence s’installer dans les établissements. On suscite ainsi la protestation des usagers qui se tournent alors vers des solutions individuelles dans le secteur privé. L’OCDE explique d’ailleurs tout cela très bien, avec le plus parfait cynisme : « Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement à l’école ou à la suppression de telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population » (source : Centre de développement de l’OCDE, Cahiers de politique économique, 2000, n° 13)…(...)