
La semaine dernière, 17 anciens officiers de l’armée chilienne ont été arrêtés pour deux des plus retentissants crimes commis à l’époque d’Augusto Pinochet : l’assassinat de Víctor Jara, un musicien et sympathisant communiste chilien, et l’immolation par le feu de deux activistes.
Dix suspects ont été accusés du meurtre de Victor Jara suite au témoignage d’un militaire. Sept autres ont été accusés d’avoir immolé par le feu deux activistes. L’un est décédé, et l’autre a été gravement blessée.
En 1973, Pinochet renversait le président socialiste chilien Salvador Allende, marquant ainsi le début de 17 longues années de dictature militaire pendant lesquelles plus de 3 000 personnes furent tuées et des dizaines de milliers emprisonnées et torturées.
Victor Jara était l’une des nombreuses victimes faites prisonnières dans le Stade National de Santiago. Il fut torturé, eut les doigts arrachés ainsi que le corps criblé de 44 balles. Le poète et chanteur était également un activiste politique qui s’était rangé du côté de la classe ouvrière de gauche. Victor Jara avait été pris peu de temps après le coup d’état . Il fut tué le 16 septembre.
En 1986, Carmen Gloria Quintana et Rodrigo Rojas âgés respectivement de 18 et 19 ans ont été battus, aspergés d’essence et brûlés par des militaires. Rodrigo Rojas a succombé à ses blessures quatre jours plus tard, Gloria Quintana a été défigurée et a du subir une intervention chirurgicale. Les victimes étaient toutes deux des activistes politiques qui récoltaient des données sur les grèves et les manifestations contre Pinochet. L’armée avait maquillé l’attaque et Pinochet avait accusé les deux victimes de s’être immolées par le feu en fabriquant des cocktails Molotov.
Pendant près de trente ans, un pacte du silence parmi les soldats de l’armée de Pinochet garantissait une impunité de fait aux auteurs. Cependant, Fernando Guzmán, un soldat âgé de 18 ans à l’époque, a finalement rompu le pacte afin de rendre justice aux victimes et aux familles. (...)
cela pourrait vraiment être un nouveau chapitre dans le combat pour que les victimes de Pinochet obtiennent justice. La divulgation d’une affaire étouffée au sein de l’armée pourrait aider à découvrir la vérité sur plusieurs autres atteintes aux droits de l’homme commises sous le régime Pinochet.
Selon les chiffres officiels, 40 018 personnes ont été victimes d’atteintes aux droits de l’homme pendant la dictature tandis que 3 065 personnes étaient assassinées ou portées disparues. (...)
Pinochet est décédé le 10 décembre 2006 – ironiquement, lors de la Journée internationale des droits de l’homme – après avoir été hospitalisé pour une crise cardiaque. Il n’a été condamné pour aucun des 300 chefs d’inculpation qui lui ont été imputés, parmi lesquels nous pouvons citer la fraude fiscale et le détournement de fonds ainsi que les violations des droits de l’homme.