
Au conseil métropolitain de ce vendredi, il a été question de squats et d’expulsions. Des indignations, des propositions d’urgence… mais pas de solutions pérennes. La préfecture annonce des décisions de justice à appliquer, donc de nouvelles expulsions.
Le sujet est encore plus sous les projecteurs depuis les événements de cette semaine. Deux expulsions successives, à Bordeaux et à Saint-Médard-en-Jalles, et quelques 200 personnes délogées ont chamboulé la politique bordelaise et métropolitaine.
La question des squats est arrivée au conseil métropolitain à l’heure du Programme local d’habitat (PLH) présenté par Jean Touzeau, conseiller métropolitain socialiste et maire de Lormont, où le sans-abrisme et une Mission squat allaient être évoqués.
« Fuite en avant »
C’est Max Guichard qui s’emporte le premier. L’élu communiste de Cenon évoque « une fuite en avant » :
« Je me remets à la sagesse générale de tous les maires et les encouragent à mettre à disposition leurs gymnases. La réponse n’est pas totale ni satisfaisante, mais il faut agir. Il faut tendre la main à ces gens. »
Si le président de la Métropole, le Républicain Patrick Bobet, ne cache pas sa préoccupation face à la complexité de la situation, il prévient :
« C’est très délicat. Il arrive qu’en période estivale, on fasse des travaux d’entretien dans ces gymnases. Et quid des scolaires quand ils vont revenir ? »
Cependant, des maires ont pris des dispositions. La maire du Taillan, Agnès Versepuy, du groupe Communauté d’Avenir, a « fait sa part » comme elle le précise et reconnaît que « les communes sont démunies, elles n’ont ni les moyens humains, ni financiers ». (...)
« Semaine noire »
Sylvie Cassou-Schotte, élue EELV de Mérignac, parle d’ « une triste réalité » et mise sur l’arrivée de la Mission squat pour « avancer positivement sur ce chantier de l’accès à un hébergement et un logement dignes pour ces différents publics ». Lors du conseil, elle interpelle elle aussi Patrick Bobet pour agir auprès de la préfète « pour arrêter les expulsions sans solution de relogement ».
Clément Rossignol-Puech, également élu EELV et maire de Bègles, lui emboite le pas :
« Nous devons aller voir madame la Préfète et lui dire que nous ne sommes pas d’accord de retrouver des familles à la rue. Nous devons afficher nos valeurs. Je demande une réunion avec vous, monsieur le président, la préfète, le président du Conseil départemental, etc. Cette situation est inacceptable. »
« Nous venons de vivre une semaine noire, surenchérit Vincent Feltesse, conseiller métropolitain apparenté socialiste. Notre attention est attirée depuis des semaines par les associations. »
Contactée par Rue89 Bordeaux, la préfecture a fait savoir que la Préfète allait faire « un point presse la semaine prochaine sur la question des occupations illicites ».
D’autres expulsions
Ce jeudi, les associations ont été reçu à la préfecture suite à leur mobilisation provoquée par les différentes expulsions. Aude Saldana-Cazenave (Médecins du monde), Maria Lefort (La Cimade), et Shirley (le squat La Zone du dehors) ont été reçues par Angélique Rocher-Bedjoudjou, sous-préfète et directrice de cabinet de la préfète Fabienne Buccio.
Pour Aude Saldana-Cazenave « c’est une petite victoire puisque nous n’avions jamais eu un contact direct avec la préfecture ». La rencontre, qui a duré une heure et demie, n’a pas rassuré pour autant :
« On est satisfait d’avoir pu argumenté et nous avons contredit certaines choses fausses. Il n’y a pas eu par exemple les diagnostics sociaux en amont de l’expulsion comme c’était affirmé. Toutes les personnes n’ont pas eu une proposition de relogement… Nous avons surtout réussi à gérer des situations précises de personnes qui n’avaient pas eu de relogement comme c’est le cas d’une famille en règle. »
Aude Saldana-Cazenave regrette l’absence d’accompagnement pour des personnes « mise devant le fait accompli le jour de l’expulsion ».