
Le confinement et la réforme de l’assurance-chômage ont durement pénalisé les salariés intermittents de l’hôtellerie, la restauration, l’événementiel, le tourisme. Quatorze associations demandent la même prolongation des droits chômage que celle obtenue par les intermittents du spectacle.
Onze parlementaires étaient, ce mardi matin, réunis dans un café proche de l’Assemblée nationale, à l’invitation d’un collectif de 14 organisations de chômeurs et précaires*, pour tenter d’amplifier une mobilisation qui peine à se faire entendre. Sous le double coup de l’arrêt brutal de l’économie et d’une réforme du chômage qui durcit les conditions d’ouverture de leurs droits et réduit leurs allocations, les 2,2 millions de Français qui cumulent un emploi avec du chômage (catégories B et C de Pôle emploi) figurent parmi les grands oubliés des mesures anti-crises.
Les 122 000 intermittents du spectacle indemnisés par Pôle emploi ont, eux, rapidement obtenu une « année blanche », qui reporte automatiquement leurs droits d’un an, afin qu’ils ne pâtissent pas des annulations de manifestations culturelles. Mais pour tous les autres métiers discontinus, dans l’hôtellerie restauration, l’événementiel, le tourisme, etc., aucune solution spécifique n’a été déployée pour amortir l’arrêt brutal de l’activité. « Le gouvernement a de la considération pour les artistes, ceux qui, comme moi, jouent Tchekhov, mais ignore tou·te·s celles et ceux qui travaillent dans les services et qui, paradoxalement, sont souvent à son service », dénonce Samuel Churin, de la Coordination des intermittents et précaires. (...)
« Notre travail est, et restera, extrêmement aléatoire »
Une quinzaine d’organisations d’univers professionnels très différents étaient réunies ce 30 juin autour d’un « manifeste pour une autre réforme du chômage ». Elles demandent le retrait de la réforme qui doit entrer complètement en vigueur en janvier et l’extension à toutes les personnes en « emploi discontinu » de l’année blanche accordée aux intermittents du spectacle.
« Nous avons bénéficié d’un mois de prolongation automatique des droits, mais depuis début juin, certains collèges n’ont plus aucune source de revenus », s’inquiète Marie Le Nestour, directrice logistique dans l’événementiel, qui a vu tous ses contrats annulés depuis la fin février. (...)
Tous s’accordent sur la nécessité d’amplifier un mouvement unitaire regroupant les différents corps de métier. (...)
La situation est néanmoins différente aujourd’hui, car les intermittents du spectacle, qui ont la plus grande capacité à se mobiliser et à se faire entendre, ont rapidement obtenu gain de cause. Ce sera beaucoup plus difficile pour les autres catégories de chômeurs et précaires. « Si nous étions des millions de chômeurs dans les rues, le débat sur l’assurance-chômage serait bien différent », regrette Pierre-Édouard Magnan, du Mouvement national des chômeurs et précaires. Les prochaines semaines doivent donc être selon lui dédiées à la construction d’un « rapport de forces » sur le sujet.