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Les pesticides systémiques : menace pour la biodiversité mondiale
Article mis en ligne le 28 juin 2014
dernière modification le 25 juin 2014

Une nouvelle méta-analyse des pesticides systémiques à base de néonicotinoïdes et de fipronil (également appelés ici « néonics »), dont la publication est attendue pour cet été, confirme que ces produits causent des dommages importants à de nombreuses espèces d’invertébrés utiles et jouent un rôle clé dans le déclin des abeilles.

(...) Dans le cadre d’une revue complète de la littérature (800 publications rapports révisés par des pairs), un groupe de travail (Task Force) sur les pesticides systémiques, réunissant des scientifiques internationaux indépendants, a montré qu’il existe suffisamment de preuves évidentes des préjudices pour mettre en route des mesures réglementaires.

Selon ladite analyse, connue en anglais sous le nom de Worldwide Integrated Assessment ou WIA (en français : Évaluation mondiale intégrée) et prochainement publiée dans la revue Environmental Science and Pollution Research, les « néonics » comportent un risque élevé de dommages pour les abeilles mellifères et autres pollinisateurs comme les papillons, ainsi que pour une large variété d’autres invertébrés (vers de terre p. ex.) et de vertébrés tels que les oiseaux.

Les néonics sont des neurotoxines et les effets générés par l’exposition à ces substances peuvent être immédiats et fatals mais également chroniques (...)

Un des principaux auteurs du WIA, le Dr Jean-Marc Bonmatin (Centre National de la Recherche Scientifique en France), a déclaré : « Les preuves sont très claires. Nous sommes face à une menace qui pèse sur la productivité de notre milieu naturel et agricole et cette menace équivaut à celle que constituent les organophosphates ou le DDT. Loin de protéger la production alimentaire, l’utilisation des néonics menace l’infrastructure même qui permet cette utilisation, mettant en danger les pollinisateurs, les ingénieurs de l’écosystème et les antiparasitaires naturels au cœur du fonctionnement écosystémique. »

L’analyse a démontré que les catégories d’espèces les plus touchées étaient les invertébrés terrestres, tels que les vers de terre, qui sont exposés à des niveaux élevés via le sol et les plantes, à des niveaux moyens via les eaux de surface et par lixiviation (« leaching ») , et à des niveaux faibles via les poussières dans l’air. Ces substances peuvent nuire à la santé tant des individus que des populations, même à de faibles doses ou en cas d’exposition aiguë, rendant ces individus et populations extrêmement vulnérables aux niveaux de néonics associés aux pratiques agricoles.

Le deuxième groupe le plus touché comprend les insectes pollinisateurs (abeilles, papillons, etc.) qui sont exposés à une forte contamination par l’air et les plantes et à des niveaux d’exposition moyens par l’eau. Aussi bien les individus que les populations peuvent être affectées par une exposition faible ou aiguë, les rendant hautement vulnérables.

Viennent ensuite les invertébrés aquatiques, comme les gastéropodes d’eau douce et les puces d’eau, sensibles à une exposition faible et aiguë, qui peuvent être affectés aux niveaux de l’individu, de la population et de la communauté, et les vertébrés tels que les oiseaux, qui sont vulnérables à des niveaux d’exposition moyens et bas via le sol, l’air, l’eau et les plantes, et qui sont affectés aux niveaux de l’individu et de la population.
Il s’est également avéré que les poissons, les amphibiens et les microbes étaient tous touchés à des niveaux d’exposition élevés ou après une exposition prolongée. Des échantillons d’eau prélevés à travers le monde dépassent régulièrement les limites écotoxicologiques autorisées. (...)

Ces insecticides sont aujourd’hui les plus utilisés dans le monde, avec une part de marché estimée à quelque 40% et des ventes de plus de 2,63 milliards de dollars US en 2011. Ils sont aussi communément utilisés dans les traitements domestiques pour la prévention des puces chez les chats et chiens et la lutte contre les termites dans les structures en bois.

« Les conclusions du WIA sont des plus préoccupantes (...)