
Sauf coup de théâtre, ces pesticides « tueurs d’abeilles » interdits en Europe depuis 2018 pourront être utilisés en France l’an prochain sur environ 400 000 hectares de betterave à sucre.
Le projet d’arrêté réautorisant, pour 2022, l’usage des principaux néonicotinoïdes sur la betterave a été mis en consultation lundi 27 décembre. Il fait suite à une décision favorable rendue une semaine plus tôt par le conseil de surveillance chargé d’instruire les demandes de dérogation d’usage de ces produits – conseil composé d’élus, de syndicats agricoles, de représentants de la filière, d’ONG, etc. Sauf coup de théâtre, ces pesticides interdits en Europe depuis 2018 pourront être utilisés l’an prochain en France sur environ 400 000 hectares de betterave à sucre. Ils avaient déjà fait l’objet d’une dérogation pour cette année, en raison de la menace de jaunisse de la betterave – une maladie virale transmise par un puceron.
Ironiquement, la récolte de l’année en cours a subi d’importantes pertes en raison de l’utilisation d’herbicides non conformes, présents par erreur dans les produits utilisés par de nombreux planteurs. Ces « incidents de phytotoxicité » ont touché, selon les données présentées au conseil de surveillance par le ministère de l’agriculture, 1 139 exploitations sur l’ensemble des régions betteravières, pour un total de près de 15 000 hectares, soit plus de 1,2 million de tonnes de betteraves, détruites ou recyclées en carburant. (...)
« Pression virale quasi nulle »
Les associations de défense de l’environnement siégeant au conseil de surveillance protestent contre une nouvelle année de dérogation. L’agronome Jacques Caplat, membre d’Agir pour l’environnement (APE), objecte en particulier que les prévisions météorologiques saisonnières sont notoirement fragiles et que la pression virale, telle qu’estimée par les campagnes d’échantillonnage, est cette année très faible. (...)