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Les oubliés du 59-61 expulsés ce matin : le monde à l’envers
/Temps actuels
Article mis en ligne le 25 août 2012

« Ils sont là ! » Cette petite phrase dans un portable fait accélérer le pas. Il est 7 h 40. La quinzaine de cars de CRS est déjà en place autour du 59-61 rue Charles Michels à Saint-Denis (voir l’article précédent). Il faut passer les barrages pour enfin assister impuissant au rituel toujours brutal des expulsions. Les valises et les sacs dans la rue, les vies jetées sur le trottoir. Les visages…

Les résidents étaient prévenus depuis la veille au soir. La préfecture a « mis les formes ». Chacun a eu le temps de ramasser ses affaires. Aucune arrestation, des policiers presque courtois, un commissaire attentif à la présence des soutiens, un gradé qui prend même le soin d’aller rechercher une poussette oubliée au 4° étage… On croit presque rêver quand on sait la violence d’expulsions passées comme celle de la rue Dezobry à Saint-Denis en 2011.

Mais sur le fond la violence est la même. Quelques personnes munies de listes font l’appel, distribuent les hébergements provisoires à l’hôtel à l’autre bout de la région parisienne. Les valises partent, la rue se vide. Il ne reste plus que les laissés pour compte à qui on conseille d’appeler le 115.

On vous le répète alors : le principe du tri est très clair. Il y a ceux « qui sont dans le protocole », c’est-à-dire les habitants recensés il y a quatre an lors de l’incendie mortel qui avait ravagé une des cages d’escalier et les autres.

Les autres, c’est-à-dire ceux qui ont été oubliés il y a quatre ans ou qui sont venus plus tard dans cet immeuble appartenant à la mairie dans lequel aucun des travaux annoncés en 2006 n’ont même été commencés, ceux là ne comptent pas, n’existent pas aux yeux des élus Front de Gauche de Saint-Denis. La mairie n’aidera pas à leur relogement. La mairie ne soutiendra pas la demande de régularisation de ceux, parmi eux, qui sont sans papier.

Il y a de quoi ne pas oser se regarder dans la glace. (...)

La Municipalité n’était représentée que par un Directeur général, fuyant tout débat, ni très courtois ni très loquace.

Il nous précise néanmoins qu’il refuse la demande que la municipalité appuie les appels vers le 115 et que les grilles de la mairie seront à nouveau fermées cet après midi..


Lorsque les soutiens ont quitté l’immeuble, le commissaire est venu les saluer. Pas le Directeur général. Le monde à l’envers.