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Greek crisis
Les ondes de la guerre
Article mis en ligne le 14 juin 2013

Depuis ce jeudi matin la foule qui entoure le bâtiment de la radiotélévision publique ERT est immense. L’avenue Mesogeion est fermée à la circulation, la pluie tombe par intermittence, et les milliers de manifestants se disent fort déterminés. Suite à l’appel à la grève générale lancé par les principaux syndicats grecs, du privé et du public pour protester contre cette mise à mort, cette journée de mobilisation se transforme également en une journée... de la guerre des ondes. (...)

Ainsi, de nombreux techniciens avaient déjà rétabli le fonctionnement d’un petit nombre d’émetteurs à Athènes et ailleurs. (...)

Les unités MAT - CRS, comme ont investi les installations des émetteurs à Hortiatis, à Thessalonique hier dans la nuit, c’est déjà connu. On sait également que ces installations sont gardées par les forces de police. Je pense que désormais, la seule solution possible ne peut être que politique, c’est-à-dire, un changement dans les funestes orientations actuelles. Samaras doit revenir sur sa décision. En tout cas, nous ne nous attendions pas à un tel... assassinat. Même cinq minutes avant l’allocution du ministre annonçant notre mise à mort, nous ne nous attendions pas à cela. (...)

Vers 16h, les émetteurs repris par les techniciens d’ERT à Athènes ont cessé de fonctionner. Vers 16h30 tel fut le cas des émetteurs de la télévision du Parti communiste, “902”. À la radio 105.5, celui de la Gauche Radicale la déclaration de Kostas Arvanitis à ce sujet fut brève et sans équivoque : “Qu’ils viennent, nous les attendons”. Vers 18h, le signal sur ERT-World par satellite, a été rétabli par les techniciens. Décidément c’est la guerre des ondes et en même temps comme une onde de guerre de type nouveau dans l’atmosphère. (...)

Depuis les haut-parleurs installés devant le bâtiment, ainsi que depuis les ondes radio restantes, on peut entendre de temps à autre le célèbre dernier communiqué radiophonique lu sur antenne par Konstantinos Stavropoulos, au matin du 27 avril 1941 : “Ici Athènes, ville encore libre. Grecs, les envahisseurs Allemands pénètrent en ce moment dans les faubourgs d’Athènes. Frères, gardez bien dans votre âme, l’esprit qui régnait alors sur le Front. L’envahisseur avance en ce moment avec toutes les précautions possibles, mais dans le désert d’une ville aux maisons hermétiquement fermées. Grecs, garder le cœur haut ! Attention ! La station de radio d’Athènes après un certain temps ne sera plus grecque mais allemande, elle ne diffusera alors que de mensonges. Grecs, ne l’écoutez pas ! Notre guerre continue ! Et elle se poursuivra jusqu’à la victoire finale ! Vive la nation des Grecs !” (...)

En tout cas, ce n’est pas du tout dit que le gouvernement tombera, rien qu’à cause de l’écran noir, ne soyons pas si dupes. Car son écran noir finalement c’est bien nous, c’est le pays entier, son image réelle et imposée. (...)

Vers la fin de l’après-midi, deux techniciens de l’audiovisuel public ont été interpelés à Stavros, près du bâtiment d’ERT, et par la suite ils ont été conduits à l’intérieur des locaux de la Police au centre d’Athènes “pour vérification d’identité”, d’après les sources de la radio 105.5 ce jeudi soir. Devant le bâtiment de l’audiovisuel public vers 18h30, l’orchestre d’ERT jouait du Tchaïkovski. Pour de l’ambiance en tout cas c’est bien gagné, l’émotion est aussi très palpable. Sur la façade du bâtiment, une nouvelle banderole, celle du “Plan B”, nous avertit sur “le prix à payer pour l’euro : Chômage, pauvreté ainsi que la mise à mort de la culture”. (...)

Ce soir en tout cas, les citoyens arrivent de plus en plus nombreux avenue Mesogeion avant la tombée de la nuit. “Que le FMI et l’Union Européenne quittent la Grèce pour que le peuple grec puisse revivre, pour que la démocratie puisse renaître” peut-t-on entendre en direct et depuis un micro-trottoir (...)