
Le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye a indiqué le 21 avril 2023 que les enseignants bénéficieraient d’une hausse de rémunération de 10% en moyenne en septembre 2023, reprenant une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Mais le ministre n’a pas précisé sur quelle base était calculée cette progression.
Or un document du ministère de l’Education nationale obtenu par l’AFP permet de nuancer fortement cette affirmation : la hausse moyenne n’atteindra à la rentrée, selon ces projections, que 5,5% par rapport à septembre 2022.
C’est en fait par rapport à 2020 qu’elle dépasserait les 10% pour atteindre près de 12%.
Le document, rendu public depuis par le ministère, montre aussi de fortes disparités : pour une majorité d’enseignants, la hausse à la rentrée prochaine sera inférieure à 5% sur un an, et donc à l’inflation. Le ministère a confirmé le 26 avril à l’AFP que les rémunérations progresseraient en moyenne de 5,5% en septembre sur un an et que la hausse atteindrait 10% "jusqu’à 12 ans de carrière". (...)
"Gloubi-boulga à géométrie variable"
Les syndicats ont étrillé les annonces d’Emmanuel Macron du 20 avril 2023.
Interrogés le 21 avril par l’AFP pour savoir si une revalorisation inconditionnelle moyenne de 10% avait bien été discutée pendant les négociations avec le gouvernement, et si oui, sur quelle période, ils se sont montrés très critiques.
"Depuis le début, les 10% sont un gloubi-boulga à géométrie variable", a dénoncé Stéphane Crochet, secrétaire général de SE-Unsa.
"On nous a toujours dit que la hausse serait de 10% en moyenne depuis la rentrée de 2021 et nous l’avons dénoncé", car cela intègre la hausse du point d’indice intervenue à l’été 2022, a-t-il aussi expliqué.
Au final, "on est loin de la promesse d’une hausse de 10% inconditionnelle" d’Emmanuel Macron, critique-t-il.
Pour Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, "à aucun moment en négociations on a parlé de ces 10%. On parlait en chiffres absolus, pas en pourcentage" - tandis que le ministre Pap Ndiaye communiquait dans les médias sur le taux de 10%.
Revalorisation de 95 euros pour la majorité des enseignants
Pour les syndicats, le compte n’y est pas, ni en pourcentage de progression, ni en espèces sonnantes et trébuchantes. (...)
De nombreux chercheurs ont largement documenté le "déclassement" du corps enseignant et sa perte de pouvoir d’achat. (...)