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Les gangs de producteurs de MDMA sont une menace écologique pour l’Europe
#mdma #pollution
Article mis en ligne le 2 mars 2023
dernière modification le 1er mars 2023

Le Brabantse Wal, à la frontière entre les Pays-Bas et la Belgique. En mars, Erik de Jonge, garde forestier, était appelé suite à la découverte d’un étrange tas de branches et de feuillages dans une clairière de la réserve naturelle du Brabant, sur la frontière néerlando-belge. Sous les débris, le garde forestier était surpris de trouver, et de sentir, une fosse profonde et suintante, recouverte d’une boue noire toxique et d’une mousse blanche à l’aspect tout aussi répugnant.

(...) Des tests effectués ultérieurement ont révélé que c’était le plus gros exemple jamais découvert de ce que les autorités néerlandaises appellent désormais des « drug pits » ou fosses à drogue. Des fosses dissimulées, utilisées par les gros producteurs de MDMA et de speed qui fabriquent dans le pays, afin de se débarrasser des tonnes de déchets toxiques issus de leurs labos de fabrication clandestins. (...)

D’après un porte-parole des autorités compétentes, l’endroit aurait été utilisé à plusieurs reprises pour déverser des produits chimiques issus de la fabrication de drogues, et notamment des produits dangereux comme du benzène, du toluène, du propanal et de l’acétone. (...)

Si les consommateurs de ces produits sont probablement très au fait du prix d’une pilule d’ecstasy et de ses effets psychoactifs, il y a fort à parier qu’ils sont moins conscients des dégâts collatéraux de cette industrie colossale mais néanmoins illégale, et par conséquent, non régulée. (...)

« Au cours des 10 dernières années, nous avons découvert énormément de déchets, » expliquait de Jonge. « Certaines années, j’ai trouvé environ 20 ou 30 fosses contenant tout un tas de produits toxiques rejetés par les labos de fabrication de drogues de synthèse. » Sur les 5 dernières années, on dénombre, entre les Pays-Bas et la Belgique, pas moins de 1 178 incidents liés à des dépôts sauvages de déchets issus de cette industrie. (...)

les fermiers, ignorant ce qui a été déversé dans leur fosse, utilisent ce purin pour fertiliser leurs terres, provoquant de terribles dégâts environnementaux, sur leurs cultures et sur la végétation présente. (...)

Il est aussi très fréquent que les déchets issus de la fabrication de drogues de synthèse soient déversés dans les toilettes, et par conséquent, dans le système d’assainissement des eaux usées. En mars, en Belgique, un gang avait déversé une telle quantité de déchets de ce type dans le circuit d’évacuation des eaux que l’usine de traitement des eaux usées de toute une région a dû être temporairement mise en indisponibilité. (...)

Ces dernières années, le nombre de laboratoires clandestins présents aux Pays-Bas et en Belgique s’est multiplié pour répondre à la demande du marché où des produits comme la MDMA jouissent d’une popularité grandissante. Au cours des 5 dernières années, plus de 400 laboratoires ont été saisis et fermés par la police. Et le nombre augmente sans cesse. (...)

Mais les autorités ne parviennent à localiser qu’une toute petite partie de ces déchets, généralement déversés le long de la frontière néerlando-belge. (...)

Le processus de fabrication de MDMA, de speed et de méthamphétamine est aussi toxique que celui de la cocaïne, et il implique un cocktail de produits chimiques dangereux. (...)

En dehors des risques pour l’environnement, le déversement sauvage de ce type de déchets représente un danger immédiat pour les personnes chargées d’effectuer le nettoyage des zones contaminées et pour celles qui enquêtent afin de trouver les lieux de dépôts sauvages. (...)

Au fil du temps, des preuves s’accumulent et semblent indiquer que les producteurs de drogue s’en vont déverser leurs déchets toxiques de plus en plus loin, par exemple à la frontière avec l’Allemagne, où la police locale n’a pas connaissance de cette pratique ni même de l’existence de drugsafval (...)

Le nombre de labos de drogue découverts par la police ne cesse d’augmenter, mais le nombre de décharges sauvages tend plutôt à réduire. D’après les experts, cela pourrait signifier que les trafiquants se débarrassent de leurs déchets dans des endroits de plus en plus reculés. (...)

« La MDMA et autres amphétamines sont produites légalement pour les besoins de l’industrie pharmaceutique, dans des cadres contrôlés qui ne débouchent pas sur des catastrophes écologiques comme on en trouve dans l’industrie criminelle de la production de drogues, » expliquait Steve Rolles, du groupe Transform, qui milite pour une réforme de la politique sur la drogue. « C’est la prohibition qui est à l’origine de ces problèmes, et non les produits en tant que tels. Les gouvernements ont la possibilité de réglementer, et de faire un grand ménage dans cette industrie. Mais ils préfèrent ne pas le faire. Dans ce cas, ils doivent assumer la responsabilité de ces drames qui sont totalement évitables. » (...)