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Les experts des Nations unies appellent à accorder l’asile inconditionnel aux Afghanes
#Afghanistan #taliban #femmes #ONU
Article mis en ligne le 17 août 2023
dernière modification le 16 août 2023

Deux ans après la prise du pouvoir central par les Taliban à Kaboul, le 15 août 2021, les experts des Nations unies alertent la communauté internationale sur la situation des femmes et des filles en Afghanistan. Évoquant un "apartheid basé sur le genre", ils appellent les États à leur accorder systématiquement le statut de réfugié.

Aujourd’hui, l’Afghanistan est le seul pays au monde où l’éducation est interdite aux femmes de plus de 12 ans.

Durant ces deux années de règne taliban, les interdits n’ont cessé de s’abattre sur les Afghanes. Après leur avoir barré la route de l’école secondaire et de l’université, interdit l’accès au marché du travail, aux parcs et jardins ainsi qu’aux salles de sports, ce sont les salons de beauté qui ont été fermés par le régime taliban le 25 juillet dernier. Ces salons constituaient le dernier espace dans lesquelles les femmes pouvaient se réunir librement et travailler.

Ces mesures liberticides ont conduit à l’effacement total des Afghanes de l’espace public. (...)

Pour résister, certaines œuvrent dans la plus grande discrétion, en prenant de très grands risques. Elles tiennent des écoles clandestines ou ouvrent des salons de beauté à leur domicile. Outre un moyen de résister, c’est surtout une nécessité pour survivre : nombreuses étaient celles qui parvenaient à nourrir leur famille seulement grâce aux revenus de leur salon de beauté.

"Apartheid basé sur le genre"

Les experts des Nations unies chargés de l’Afghanistan pointent ce qu’ils appellent désormais un "apartheid basé sur le genre". Dans une déclaration publiée lundi 14 août, ils considèrent que le système de discrimination mise en place à l’encontre des femmes, visant leur domination totale, "constitue un crime contre l’humanité".

S’ils appellent les Taliban à revenir sur tous les interdits édictés jusque-là, ils s’adressent surtout à la communauté internationale et souhaitent que ses membres reconnaissent le traitement dont les femmes font l’objet comme une "persécution basée sur le genre". Ils exhortent les États à accorder le statut de réfugié à toutes les femmes et filles afghanes, sur ce fondement. Une doctrine déjà adoptée par certains États comme le Danemark, la Suède et la Finlande.
Peu d’Afghanes parviennent à fuir leur pays

Dans les faits, il est très difficile pour les Afghanes de quitter leur pays (...)

Ces difficultés font qu’elles sont peu nombreuses à demander l’asile en Europe. En France, les femmes sont largement minoritaires dans la demande d’asile afghane.

Celles qui parviennent à fuir sont souvent coincées dans les pays voisins, en Iran ou au Pakistan, et se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité, souvent livrées à elles-mêmes, sans papiers. Fereshta, militante afghane de 32 ans coincée au Pakistan avec ses deux enfants dans l’espoir d’y obtenir un visa pour demander l’asile en France, avait témoigné auprès d’InfoMigrants en juin dernier.

"Accueillir les Afghanes"

En France, le collectif "Accueillir les Afghanes" porte depuis plusieurs mois déjà cette revendication d’accueil inconditionnel, défendue désormais par les Nations unies. À l’initiative de l’association France Terre d’Asile et de plusieurs femmes journalistes et chercheuses ayant longuement travaillé en Afghanistan, le collectif appelle le gouvernement à fournir une aide humanitaire aux femmes réfugiées dans les pays limitrophes, faciliter la délivrance de visas et mettre en place un système d’accueil renforcé à leur arrivée en France.

Dans une tribune parue dans le journal Le Monde le 21 avril 2023, signée par plus de 350 personnalités, il appelait notamment à "la mise en place d’un programme humanitaire d’urgence pour les Afghanes qui ont fui au Pakistan ou en Iran".