
Le bidonville de Calais avait attiré tous les regards, et de ce fait invisibilisé ce qui se passait ailleurs. La persistance de petits squats et campements à Calais jusqu’en avril 2016. Mais aussi la présence d’exilés albanais – a priori uniquement des hommes. Des personnes albanaises essayent également de passer au Royaume-uni dans d’autres lieux comme Dieppe.
La situation des ressortissant-e-s albanais-e-s est particulière : ces personnes n’ont pas besoin de visa pour un court séjour dans l’espace Schengen (jusqu’à trois mois). Si elles remplissent quelques conditions (assurance santé, billet de retour somme d’argent estimée suffisante), elles sont donc de simples touristes en France. Mais il leur faut un visa pour aller au Royaume-uni, qui ne fait partie de l’espace Schengen.
Les personnes albanaises forment également la première nationalité au centre de rétention de Coquelles, à côté de Calais, en terme de nombre de personnes enfermées (36,2 % en 2015) et de personnes expulsées (la contre-partie de la dispense de visa de court séjour est la réadmission facile et rapide par les autorités albanaises des personnes expulsées). La décision d’expulsion est généralement couplée à une Interdiction de Retour sur le Territoire Français, ce qui rendrait illégal leur retour en France dans le délais fixé par l’interdiction.
Les ressortissant-e-s albanais-e-s forment aussi la première nationalité en terme de demande d’asile en France en 2016, selon les chiffres provisoires de l’OFPRA.
Il s’agit essentiellement de persécutions à l’égard des Rroms, de menace de groupes mafieux, de violences familiales, de vendetta, contre lesquelles l’État s’avère incapable de protéger les citoyen-ne-s. Malgré cette situation, l’Albanie est considéré par la France comme un pays d’origine sûr, ce qui vaut aux personnes de voir leur demande d’asile examinée en procédure accélérée, avec moins de garanties. (...)