
Cauchemar dans les salles des profs. Le programme présenté par Emmanuel Macron le 17 mars a suscité une vague de commentaires très négatifs sur les réseaux sociaux. Le candidat LREM ne se bornait pas à promettre une revalorisation assez dérisoire. Il la liait à des mission supplémentaires et il annonçait un nouveau statut beaucoup plus proche des professeurs du privé. Pire encore, E Macron osait promettre ce que Sarkozy n’avait pas osé réaliser : rendre publiques les résultats de chaque classe, grâce aux évaluations nationales, mettant ainsi chaque professeur sous la pression des parents. Dans le même discours, ils apprenaient qu’ils seraient recrutés par leur plus proche hiérarchie et soumis à la surveillance constante des parents. Quant aux enseignants de la voie professionnelle c’est la sortie de l’Education nationale qui se profile.
Voilà justement un point commun avec une concurrente d’E Macron, V Pécresse. La candidate LR veut confier aux régions l’enseignement professionnel "au contact des métiers". Comme E Macron, elle annonce des établissements scolaires "100% autonomes", régis par les mêmes règles que les établissements privés, qui recrutent déjà leurs enseignants, avec en plus une autonomie pédagogique. Les enseignants seraient recrutés localement avec une individualisation de la paye, principe partagé avec E Macron.
Si le programme éducation de M Le Pen est surtout obsédé par la réécriture de l’histoire, l’uniforme, le sécuritaire et le tri des élèves dès la 6ème, les enseignants y lisent aussi la refonte de leur statut avec l’avancement au mérite et un retour à l’ordre et à la hiérarchie particulièrement rigides.
De Macron à Pécresse, l’école de la fragmentation (...)
Cauchemar dans les salles des profs. Le programme présenté par Emmanuel Macron le 17 mars a suscité une vague de commentaires très négatifs sur les réseaux sociaux. Le candidat LREM ne se bornait pas à promettre une revalorisation assez dérisoire. Il la liait à des mission supplémentaires et il annonçait un nouveau statut beaucoup plus proche des professeurs du privé. Pire encore, E Macron osait promettre ce que Sarkozy n’avait pas osé réaliser : rendre publiques les résultats de chaque classe, grâce aux évaluations nationales, mettant ainsi chaque professeur sous la pression des parents. Dans le même discours, ils apprenaient qu’ils seraient recrutés par leur plus proche hiérarchie et soumis à la surveillance constante des parents. Quant aux enseignants de la voie professionnelle c’est la sortie de l’Education nationale qui se profile.
Voilà justement un point commun avec une concurrente d’E Macron, V Pécresse. La candidate LR veut confier aux régions l’enseignement professionnel "au contact des métiers". Comme E Macron, elle annonce des établissements scolaires "100% autonomes", régis par les mêmes règles que les établissements privés, qui recrutent déjà leurs enseignants, avec en plus une autonomie pédagogique. Les enseignants seraient recrutés localement avec une individualisation de la paye, principe partagé avec E Macron.
Si le programme éducation de M Le Pen est surtout obsédé par la réécriture de l’histoire, l’uniforme, le sécuritaire et le tri des élèves dès la 6ème, les enseignants y lisent aussi la refonte de leur statut avec l’avancement au mérite et un retour à l’ordre et à la hiérarchie particulièrement rigides. (...)
L’électorat enseignant existe encore
Si c’est comme cela c’est aussi que les enseignants constituent un électorat à part. Alors qu’ils étaient en 2017 la catégorie sociale à voter le plus pour E Macron, en 2022 ce sont eux qui se détournent le plus du candidat LREM. Selon une étude du Cevipof (mai 2021), le vote Macron est passé de 33 à 21% entre mai 2017 et avril 2021, soit une baisse de 12 points. Pour les autres fonctionnaires, la baisse n’est que de 5 points (de 27 à 22%).
Seconde caractéristique : les enseignants sont la seule catégorie où la gauche est quasi majoritaire avec 49% des suffrages en avril 2021 (contre 33% en mai 2017). La gauche a gagné 16 points soit nettement plus que la moyenne des fonctionnaires (8 points de 27 à 35).
Troisième caractéristique : l’extrême droite qui séduit 22% des fonctionnaires (soit 4 points de plus qu’en 2017) ne séduit que 10% des enseignants (soit deux points de plus). C’est chez les enseignants que l’extrême droite fait ses scores les plus faibles.
Ces évolutions sont cohérentes avec les valeurs portées par les enseignants. (...)
Même si les enseignants sont divisés, il y a bien encore un vote enseignant qui se démarque nettement du reste de la population. Et cette différence s’appuie sur des valeurs qui les distinguent des autres Français et qui sont en rapport avec leur identité professionnelle.
Un électorat qui peut changer la donne au premier tour
Les enseignants sont près de 900 000 en France. Les personnels d’éducation plus de 1 million. Un nombre à mettre en rapport avec les 36 millions de suffrages exprimés du 1er tour de 2017. On peut craindre que ce nombre soit encore inférieur en 2022. Le vote enseignant peut changer la donne pour le premier tour, tant les écarts sont faibles entre les candidats du 2d au 4ème rang. Il peut peut-être même le faire pour le second tour. (...)