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Les enfants face au risque de reproduction des violences conjugales
Claire Metz Maitre de conférences, HDR Psychologie clinique, Université de Strasbourg Anne Thévenot Professeure de Psychologie et de psychopathologie cliniques, Université de Strasbourg
Article mis en ligne le 9 septembre 2019
dernière modification le 8 septembre 2019

Les problématiques de violences conjugales sont susceptibles de se perpétuer de génération en génération, si les enfants qui en sont témoins ne bénéficient pas d’un accompagnement adapté.

(...) Au 3 septembre 2019, jour où le gouvernement lance son Grenelle des violences conjugales, on compte déjà 100 femmes décédées.

Or, au-delà de la violence exercée entre adultes, il nous semble crucial d’examiner la façon dont les enfants sont affectés au long terme par cette violence. Ces derniers peuvent reproduire les comportements auxquels ils ont été témoins ou exposés, comme le suggèrent plusieurs travaux réalisés aux États-Unis et au Canada.

Nous émettons ainsi l’hypothèse, appuyée par nos recherches récentes, que sans accompagnement dédié, l’enfant s’identifie à l’agresseur et que la violence conjugale peut se reproduire de génération en génération.
Répercussions sur la santé

Les données insistent sur les difficultés comportementales de ces enfants, ainsi que sur les risques de reproduction à la génération suivante. Il a cependant fallu attendre 2006 pour qu’un rapport du Conseil de l’Europe sensibilise les États membres aux répercussions qu’entraînent les violences au sein du couple sur le bien-être des enfants.

Pourtant, en 2001, le rapport Henrion précisait déjà que « lors des scènes de violences, les enfants adoptent différentes attitudes : la fuite, l’observation silencieuse ou l’intervention. Comme pour leur mère, la violence conjugale a de nombreux impacts sur leur santé ». (...)

Les risques de transmission transgénérationnelle restent ainsi aigus.

Il ressort aussi des études que les enfants ne sont pas tous pareillement impactés, l’un des facteurs étant la possibilité pour l’enfant de trouver une réassurance auprès de la mère ou d’un adulte sur lequel s’appuyer dans le cadre d’une relation de confiance.

Il apparaît essentiel en conséquence d’élucider certains comportements violents chez l’enfant ou certaines marques de désintérêt scolaire comme constituant des signes d’alerte d’un climat de violence familiale. (...)

En ce qui concerne les filles se dessinent certaines des problématiques que nous avons retrouvées chez les femmes elles-mêmes victimes : une quête affective, un évitement de la pensée proche d’un état de sidération et une sorte de passivité apparente, proche aussi de l’état de choc traumatique.

Le protocole du garçon met en évidence l’importance donnée aux modalités relationnelles violentes, sans que les aspects tendres ou amoureux n’apparaissent d’aucune façon. Les relations de domination entre sexe et genre se font jour.

Notre recherche est qualitative et ne prétend pas à une généralisation. Toutefois, ces protocoles montrent à quel point le désarroi de ces enfants révèle des failles subjectives conséquentes et comment les prémices des problématiques liées aux violences conjugales sont déjà contenues en germe chez ces enfants témoins, fille ou garçon.

Nous voyons d’ores et déjà que les problématiques des violences conjugales sont susceptibles de se reproduire sans fin de génération en génération, si ces enfants ne bénéficient pas d’un accompagnement adapté.