
Isabelle Vaha, doctorante en Sciences de l’Éducation, est en train de finaliser une thèse intitulée « Les maisons d’enfants sous tutelle du Secours National/Entraide d’hiver du Maréchal, entre prescrit idéologique et créativité éducative ». Son propos, passionnant, aborde une période trouble de l’histoire de France, celle qui correspond à la collaboration du régime de Vichy avec l’occupant allemand dans les années 1940.
Son récit résonne étrangement avec ce qui se passe en Ukraine. Certes, les époques sont très différentes, les guerres et l’état de la société ne peuvent se comparer, mais la souffrance des populations civiles en est le dénominateur commun. Invitée par la section ANAS île-de-France à l’occasion de la journée mondiale du travail social, la chercheuse a pu nous donner à comprendre le quotidien des enfants en période de guerre. (...)
Chaque guerre a ses marqueurs spécifiques. Mais généralement, quand on parle de la guerre, on ne parle pas des enfants. On peut toutefois en avoir une vision « lacrymale ». Ils sont alors « utilisés » pour apitoyer et montrer la sauvagerie de l’ennemi. (...)
Étonnamment, des nouvelles pédagogies sont apparues dans quelques-unes de ces maisons créées sous le régime de Pétain (Freinet, Decroly, etc.). Cette créativité fut aussi une façon de résister à l’occupant. Certains de ces lieux de vie ont aussi caché des enfants juifs. La chercheuse a travaillé comme un détective, rencontrant des élus locaux, des châtelains et des témoins de cette histoire.
La réalité des traumatismes chez les enfants victimes de la guerre (...)
Les enfants sont soumis à une multiplication de ruptures qui provoquent de multiples pathologies. La dislocation des familles n’est pas sans effets. (...)
les traumatismes de guerre sont intemporels, que ce soit en Ukraine, où nous assistons impuissants à ce qui se passe, mais aussi ailleurs dans le silence des médias, il y a urgence de s’engager auprès de celles et ceux qui sont victimes des guerres toutes autant inhumaines les une que les autres. Malheur à ceux qui les provoquent.