
La Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique, convoquée par Evo Morales s’ouvre ce mardi à Cochabamba. Mouvements publie la lettre de l’écrivain urugayen Eduardo Galeano, par laquelle il a souhaité s’adresser à l’ensemble des participants.
...Pourvu qu’il puisse être fait tout le possible, et aussi tout l’impossible, pour que le Sommet de la Terre Mère soit la première étape vers l’expression collective des peuples qui ne dirigent pas la politique mondiale, mais la subissent !
Pourvu que nous soyons capables de faire avancer les deux initiatives que propose le compañero Evo : le Tribunal de la Justice Climatique et le Référendum Mondial, contre un système de pouvoir fondé sur la guerre et le gaspillage, qui méprise la vie humaine et vend nos terres au plus offrant ! Pourvu que nous soyons capables de parler peu et d’agir beaucoup ! ...
...nous sommes fatigués de l’hypocrisie des pays riches qui sont en train de nous laisser sans planète tout pendant qu’ils prononcent de pompeux discours pour dissimuler l’enlèvement....
...La Bolivie vient juste de fêter les dix ans de la victoire populaire dans la guerre de l’eau [1], lorsque le peuple de Cochabamba fut capable de mettre en déroute une entreprise californienne toute-puissante, et propriétaire de l’eau par l’opération d’un gouvernement qui se disait bolivien et était fort généreux avec les autres. Cette guerre de l’eau fut une des batailles que cette terre continue de livrer pour défendre les ressources naturelles, c’est-à-dire : pour défendre son identité avec la nature....
...La Bolivie est une des nations américaines où les cultures indigènes ont su survivre, et ces voix résonnent aujourd’hui avec plus de force que jamais, malgré le long temps de la persécution et du mépris.
Le monde entier, tout hébété qu’il est, déambulant comme un aveugle dans une fusillade, devrait écouter ces voix. Elles nous apprennent que nous, petits humains, faisons partie de la nature, et sommes parents de tous ceux qui ont des jambes, des pattes, des ailes ou des racines....
...Depuis la Renaissance européenne, la nature est devenue une marchandise ou un obstacle au progrès de l’homme. Et aujourd’hui encore, ce divorce entre nous et elle persiste, à tel point qu’il est toujours des gens de bonne volonté qui ont pitié pour cette pauvre nature, si maltraitée, si abîmée, mais qu’ils considèrent du dehors...
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