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Les bons, le brut et les truands
Brève mise au point sur la situation actuelle au Venezuela
Article mis en ligne le 19 avril 2014
dernière modification le 16 avril 2014

Après le triomphe apparent du chavisme aux élections municipales du 9 décembre, la guerre politique intermittente qui a ponctué ces 15 années de « Révolution bolivarienne » – elle-même consécutive à une décennie de guerre sociale – occupe à nouveau le devant de la scène : des dizaines de milliers de manifestants et émeutiers réclament depuis bientôt deux mois la « sortie » du président Nicolás Maduro. La marche de Caracas du 12 février, au carrefour des mobilisations étudiantes « contre l’insécurité » initiées à San Cristóbal et des appels à « incendier la rue » lancés par la frange la plus réactionnaire de l’opposition le 23 janvier (date symbolique de la naissance de la démocratie en 1958)ii, a inauguré un cycle d’assassinats et de représailles débouchant sur l’arrestation d’un des leaders et de deux maires de la coalition d’opposition (MUDiii), en sus de l’occupation militaire de deux régions frontalières de la Colombie.

Qu’y a-t-il derrière les stéréotypes croisés d’une opposition « fasciste » aux prises avec un pouvoir d’État « castro-communiste » ?

Qui sont les manifestants ? Que fait le gouvernement ? Sur fond de crise économique et de violences politiques et sociales qui semblent combler des chroniqueurs pressés d’enterrer une énième « révolution ratée », et alors que se profile une médiation internationale (avec l’UNASUR et le Vatican), voici un panorama de la situation en trois temps, en contre-points des principaux poncifs circulant de part et d’autre.
(...)

En fait, pas plus que ses prédécesseurs, Chávez n’est parvenu à « semer » durablement les pétro-dollars « de tous les vénézuéliens ». Les expropriations de terres latifundistes et/ou oisives, la subvention de centaines de milliers de coopératives (sur le modèle des micro-entreprises), et les nationalisations en cascade (grassement indemnisées) n’ont pas réduit la dépendance aux importations. À l’inverse d’un secteur tertiaire florissant (banques, télécoms, transports, grande distribution), l’agriculture, la métallurgie, le ciment, le papier, tournent en sous-régime – et sont enclins à des grèves régulières, les conventions collectives étant largement caduques. Côté hydrocarbures, malgré une ingénierie juridique conciliant propriété publique des (produits des) sous-sols et participation des transnationales jusqu’à 49 % – plus taxées mais plus nombreuses (occidentales, chinoises, russes, brésiliennes…)–, la production stagne au moment même où le pétrole en vient à totaliser 95 % des exportations (contre 75 % en 1998) ; et alors qu’environ un tiers est payé en deçà des cours – à prix solidaires dans la région (notamment dans le cadre de l’ALBA-TCP) et en nature à la Chine (au titre de la dette). Enfin, plusieurs mines d’or et de charbon, bradées à l’ « impérialisme » ou à des belligérants colombiens (paramilitaires ou FARC) en violation des droits des peuples indigènes, échappent notoirement à tout contrôle fiscal (...)