
DOUMA (Syrie) – Des gens m’ont demandé si j’ai été surpris par les réactions aux photos du petit Syrien dans l’ambulance, Omran. Pour vous dire la vérité, je n’ai pas été surpris du tout. C’est un enfant, un très jeune enfant. Il faudrait ne pas avoir de cœur pour ne pas être ému et choqué par ces images. Il a eu de la chance qu’il y ait eu un appareil photo dans les parages pour faire connaître au monde sa souffrance. Mais n’allez pas croire une seconde qu’il est le seul dans son cas. Il y en a eu, et il y aura encore, un nombre incalculable d’autres.
J’habite à Douma, une banlieue de Damas tenue par la rébellion. Au cours des trois dernières années, j’ai photographié des milliers de blessés et un nombre sidérant d’entre eux étaient des enfants. Prendre des photos de gens qui portent des enfants blessés ou morts dans les décombres après un raid aérien, c’est la routine. Ça vous choque ? Mais c’est pourtant ce que c’est devenu : une routine
Y a-t-il des images d’enfants blessés qui m’ont marqué l’esprit plus que d’autres ? Si vous m’aviez posé la question il y a deux ans, j’aurais probablement pu vous répondre. Mais aujourd’hui, après avoir assisté à un nombre aussi gigantesque de massacres, c’est très difficile de penser à l’un ou l’autre d’entre eux en particulier. Le massacre est devenu un fait quotidien.
Maintenant, les images restent dans ma mémoire pendant un petit moment avant d’aller rejoindre les autres dans le néant. C’est un peu comme mon cimetière personnel… (...)
Quiconque est un tant soit peu sensible à la cause des enfants dans ce monde peut comprendre la souffrance des enfants de Syrie. Alors si j’avais un message à vous transmettre, ce serait le suivant : j’ai fait de mon mieux pour vous montrer leur douleur à travers mon objectif. Maintenant, à vous de faire de votre mieux pour les sauver.