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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Les attaques de Boko Haram déclenchent une crise de l’éducation au Cameroun
Article mis en ligne le 14 mai 2015

Dans le nord du Cameroun, des dizaines de milliers d’enfants - parmi lesquels de nombreux réfugiés en provenance du Nigéria voisin – sont déscolarisés en raison des attaques transfrontalières de Boko Haram.

« Le gouvernement et les agences d’aide humanitaire sont aux prises avec une situation d’urgence complexe », a dit Middjiyawa Bakari, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, au Cameroun.

« Il demeure essentiel de dégager suffisamment de salles de classe, de professeurs et de formes d’aide variées pour les enfants déplacés à l’intérieur de leur propre pays », a-t-il dit.

Au nombre de ces enfants privés d’éducation, on comptabilise près de la moitié des 62 000 enfants déplacés à l’intérieur de leur propre pays du fait des attaques de l’insurrection nigérienne, qui a entraîné la fermeture de plus de 120 écoles depuis septembre.

Une partie des 74 000 Nigériens ayant fui le Cameroun depuis mars figure également parmi eux.

D’après le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), 60 pour cent de ces nouveaux arrivants sont des enfants.

Au moins 18 attaques de Boko Haram ont été signalées dans le nord du Cameroun depuis le début de l’année. Près de 100 000 Camerounais ont fui leur foyer, rapporte le HCR. (...)

Dans les zones où les écoles sont restées ouvertes, les autorités encouragent la famille et les proches des enfants déplacés à les y inscrire afin qu’ils terminent leur année scolaire. Mais les défis sont nombreux. (...)

Après une déscolarisation de plusieurs mois, les enfants ont souvent besoin d’heures de cours supplémentaires et parfois de soins psychosociaux pour parvenir à suivre en classe avec les autres élèves.

Une autre difficulté tient au fait que bon de nombre de familles ayant pris la fuite ont perdu leurs moyens de subsistance, et n’ont pas de quoi s’acquitter des frais de scolarité.

D’autres n’ont plus les papiers nécessaires à l’inscription. Le HCR estime que 59 pour cent des Camerounais déplacés ont perdu des documents importants.

Environ 38 pour cent des enfants déplacés ont été séparés de leur famille, et vivent à présent avec des proches qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas les envoyer à l’école.

Nombre d’enfants déplacés sont contraints de travailler pour survivre. (...)

À Minawao, le plus grand camp d’accueil pour réfugiés nigériens, on ne compte que trois écoles primaires et 21 salles de classe pour plus de 6 600 enfants en âge d’être scolarisés au primaire. (...)

Le gouvernement a récemment dépêché 17 professeurs supplémentaires au camp, et recruté 34 nouveaux professeurs parmi les réfugiés, mais on compte encore 150 élèves pour chacun d’entre eux. (...)

C’est un travail difficile : la plupart des enfants réfugiés n’étaient pas scolarisés au Nigéria, et rares sont ceux qui parlent ou comprennent l’anglais. Ils parlent des dizaines de dialectes différents, si bien qu’il est presque impossible de trouver une langue commune dans laquelle enseigner.

Le HCR et l’UNICEF ont mis sur pied des tentes d’accueil adaptées gérées par des ONG locales, où une variété de jeux et d’exercices éducatifs complémentaires sont proposés aux enfants.

« L’éducation est une priorité pour la plupart des agences d’aide humanitaire, mais les enfants ont besoin de bien plus que cela pour oublier les traumatismes et les images d’atrocités qu’ils ont en tête », a dit M. Cameroun. « Ils ont besoin de davantage d’aires de jeu, de salles de classe et de soins psychosociaux dispensés par le biais d’activités organisées. »