
La Cimade, la Ligue des droits de l’homme (LDH), Réseau Education Sans frontière (RESF), Chrétiens Migrants, entre autres, ont entretenu des rapports conflictuels avec les gouvernements en place depuis dix ans.
(...) Exemple symptomatique : la LDH s’est prononcée, pour la première fois depuis sa naissance, sur le vote aux présidentielles, en lançant un appel solennel à l’éviction de Nicolas Sarkozy : « elle (la LDH) appelle les électrices et électeurs à refuser que soit poursuivie − et a fortiori aggravée − la régression des droits et des libertés, la xénophobie d’Etat et l’autoritarisme, la mise en cause de l’égalité des citoyens. »1
RESF, Chrétiens Migrants et la CIMADE n’ont eu de cesse d’alerter les pouvoirs publiques sur des situations familiales et personnelles alarmantes, sur les dégradations des conditions d’accueil des étrangers, sur le piétinement quasi-institutionnalisé de leurs droits par le pouvoir préfectoral et les juges des libertés...
Ces associations ont remporté gain de cause lorsqu’elles ont été suivies par les médias. Elles ont, sinon, régulièrement essuyé le mépris des administrations.
Au-delà du mépris, il y a eu l’offensive : deux militants RESf et deux militants Soif d’Utopies (sorte de CSP local) de Tours ont été poursuivi par le ministère de l’Intérieur (à l’époque chapeauté par Brice Hortefeux) pour avoir proféré un amalgame historique entre la politique d’immigration actuelle et le régime de Vichy dans un communiqué de presse intitulé « les Baleiniers ».
Aujourd’hui, Sarkozy et son gouvernement ont été expulsés par le peuple et ces associations saisissent l’occasion pour mettre les bouchées doubles dans leur militantisme.
Chrétiens-Migrants, RESF, CCFD, la Cimade, le NPA, ATTAC, les Verts Touraine etc. s’unissent pour lancer un appel national : « Un moratoire sur les expulsions maintenant, prélude à une profonde évolution »2. (...)
Les premières exigences communes des militants ne sont pas mâchées, parmi lesquelles l’interdiction pure et simple de la rétention des mineurs et du démembrement familial ; le rétablissement de la gratuité de l’Aide Médicale d’Etat (AME), de l’accueil des étrangers malades, la suppression de la liste des pays dits « sûrs » dans les critères d’obtention du statut de réfugié pour les demandeurs d’asile, ainsi que la régularisation de tous les parents d’enfants scolarisés et de tous les travailleurs déclarés ou non. RESF insiste et menace : les majeurs scolarisés seront légalisés sauf à retrouver les militants et camarades lycéens et enseignants dans la rue.
Les associations pointent également du doigt le zèle - à la limite de la légalité - exercé dans plusieurs préfectures pour détériorer les conditions de vie et d’accueil des étrangers, clandestins ou non.
Pour envisager tous ces changements, et les engager dans l’urgence, le moratoire prend tout son sens. Rappelons que François Hollande a promis qu’il « veillerai(t) à ce que chaque migrant, quelque soit sa situation, soit traité avec dignité, dans le respect de ses droits fondamentaux. »3
Pourtant, localement, des cordes grincent. Chronique tourangelle. (...)