
Le Parti socialiste unifié du Venezuela du président Nicolas Maduro remporte une majorité absolue au Parlement au terme d’élections législatives boycottées par une partie de l’opposition et marquées par une forte abstention.
Sans surprise, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et ses alliés du Grand Pôle patriotique sortent vainqueurs de cette consultation électorale, avec 67,6 % des suffrages exprimés et une majorité absolue des sièges. (...)
Le scrutin est marqué par une forte abstention : 31 % des électeurs se sont déplacés, une participation en baisse par rapport aux élections législatives de 2015 (74,17 %) et de 2010 (66,45 %), caractérisées par l’unité de l’opposition et par une forte polarisation. (...)
Des bureaux de vote désertés par les jeunes générations
Dans le quartier du 23-de-Enero, au pied des barres de béton, à l’ombre des fresques célébrant le « Comandante » disparu, l’affluence était faible dans les bureaux de vote désertés par les jeunes générations. (...)
Au sud de Caracas, à Caricuao, les « chefs de rue du PSUV » battaient le rappel des troupes pour encourager les électeurs à rejoindre les bureaux de vote. (...)
« Nos vies mêmes sont prises pour cible »
Gustavo Borges est un organisateur communautaire qui a écumé bien des quartiers populaires. « Traditionnellement, les élections parlementaires mobilisent moins que l’élection présidentielle, remarque-t-il. L’enjeu, aujourd’hui, c’est le retour, dans le processus révolutionnaire, de l’Assemblée transformée en 2015, après la victoire de l’opposition, en plateforme pour renverser le président et encourager l’agression américaine. » Ce travailleur social décrit un quotidien « très dur », fait de coupures d’eau, d’électricité, de privations, de vivres qui manquent. « Nos vies mêmes sont prises pour cible. Les Vénézuéliens savent qui sont les responsables de cette situation, assure-t-il. Beaucoup de choses peuvent changer désormais pour aller vers une levée du blocus. » (...)
Alexander Pereira ne partage pas cet optimisme. À 41 ans, cet habitant du quartier populaire de Cano Amarillo a vu les siens quitter le pays un à un, « une saignée terrible pour le Venezuela ». De sa fratrie et de son cercle d’amis, lui seul est resté au pays. (...)
« Avant, le vote, c’était un acte important : il fallait appuyer Chavez et la révolution. Ce sentiment s’est perdu. Les gens n’ont pas l’impression que les élections sont utiles, alors que les enjeux sont énormes : il faut protéger le pays de l’agression américaine. » Pour lui, la corruption, le délitement de la participation populaire, la vue de « riches qui s’enrichissent encore au pire de la crise alors que des travailleurs gagnent deux dollars par mois » sont aussi vénéneux que les sanctions de Washington qui asphyxient le Venezuela. (...)
À Caricuao, à la sortie de son bureau de vote, dimanche, Charlie Rodriguez, 32 ans, sans travail, n’avait qu’un souhait : « Que le blocus soit levé, que le Venezuela cesse d’être coupé du monde et redevienne un pays normal. »