
11 ans depuis la création de la maison d’édition et, à l’Escale du livre, à Bordeaux, la table occupée par Les Fondeurs de Briques est bien remplie. Jean-François Bourdic, ancien libraire parisien, a choisi l’édition par amour des textes et des coups de cœur éditoriaux : la petite équipe, installée en région toulousaine, publie deux à trois textes par an, les yeux fermés, mais à l’écoute de leur intuition.
Après des années de librairie dans la capitale, Jean-François Bourdic choisit de suivre une formation d’un an au sein du Cecofop, un organisme privé aujourd’hui disparu — sa promotion fut la dernière — qui dispensait des cours à Nantes. « C’était de septembre à mai, presque une année complète centrée autour d’une thématique ou d’un pays, pour faire tout le travail d’un éditeur : on choisissait un manuscrit, on trouvait un traducteur ou une traductrice, on faisait la maquette, on allait chez l’imprimeur... Cela apprenait à faire un livre de A à Z, car il était publié. Au mois de mars, on le présentait au Salon du livre de Paris, avant un stage pour finir la formation », se souvient Jean-François Bourdic.
Son stage de fin d’année, il le passe à Arles, au sein du groupe Actes Sud, où il finalise son apprentissage du métier d’éditeur : « J’avais ma formation de libraire, mais cela m’a donné les outils techniques et les démarches nécessaires au métier d’éditeur. Ensuite, l’expérience fait le reste. » Sorti de la formation, l’éditeur crée avec sa compagne, traductrice, et un associé, Les Fondeurs de Briques à Arles, avant de déménager pour la région toulousaine. (...)
Grâce aux aides combinés du Centre national du livre, de la région et du ministère de la Culture espagnol, Les Fondeurs de Briques se lancent dans le projet délicat d’une traduction d’un cycle de 2200 pages, sur 3 ans : Le Labyrinthe magique, de Max Aub, une imposante fresque historique sur l’Espagne et sa guerre civile.
Lomax, Dylan, Carter et la suite
Parce qu’ils n’ont pas « l’esprit de chapelle » et que leurs centres d’intérêt sont épars, les trois associés entament, il y a environ 5 ans, une collection autour de la musique. (...)
Composer avec les aides à l’édition
S’en remettre aux coups de cœur ne met pas à l’abri des coups du sort : « Nous sommes accompagnés par le CRL Midi-Pyrénées depuis des années, et désormais par la grande région Occitanie. Il y a des réductions de budget et des délais qui sont ceux de l’administration : la difficulté, c’est qu’il faut déposer un dossier avec tous les éléments d’un livre qui sortira dans 6 mois, et le premier centime que l’on verra, c’est 3 mois après, donc 9 mois après le dépôt du dossier, ce qui engendre bien sûr des difficultés de trésorerie. »
Les soutiens au niveau national ne rattrapent pas vraiment la situation : « Quand le CNL donne 3000 € aux Fondeurs de Briques, c’est un vrai soutien qui est parfois crucial pour nous. Pour une plus grande maison, ces aides sont une goutte d’eau, cela va aider dans l’économie du titre en question, mais dans l’ensemble, cela ne va rien changer pour la société. »
Après plusieurs refus de la part du Centre national du livre, Les Fondeurs de Briques ne déposent plus de dossier, « très longs à constituer ». « Nous travaillons en interne ou avec un traducteur, pour un budget limité. Cela ne va pas dans le bon sens, car nous payons moins le travail de traduction », reconnaît Jean-François Bourdic. « Enfin, un point n’est pas pris en compte dans l’attribution des aides : nous fabriquons nos livres en France, alors que de nombreux ouvrages aidés sont fabriqués en Europe de l’Est, ou plus loin encore. »