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Basta !
Législatives : de graves menaces de fraudes planent sur le vote par Internet
Article mis en ligne le 17 mai 2012
dernière modification le 14 mai 2012

Pour la première fois en France, le vote par Internet sera expérimenté lors des prochaines législatives. Un million d’électeurs français « de l’étranger » sont concernés. Plusieurs failles de sécurité ont déjà été pointées. L’intégrité et la confidentialité du vote ne sont pas garanties, comme l’attestent les informaticiens interrogés par Basta !. Surtout, l’ensemble du processus électoral est laissé entre les mains d’entreprises privées qui cultivent opacité et conflits d’intérêts. Le vote par Internet, ou comment déposséder le citoyen de son droit démocratique.

Enquête.

Lors des prochaines élections législatives de juin, plus d’un million d’électeurs pourront ne pas se rendre dans l’isoloir et voter par Internet. Suite à la réforme constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy, le vote par Internet sera proposé aux « Français établis hors de France » qui éliront pour la première fois onze députés. (...)

La Cnil a recommandé d’interdire le vote électronique si le protocole sécurisé (https) n’est pas disponible dans le pays. Là encore, l’ancien gouvernement Fillon est passé outre
(...)

Une entreprise privée maitrise donc la totalité du processus électoral. Les votes, le chiffrage, la vérification et le décompte se font via son logiciel. Elle n’est pas seule à intervenir dans le processus. Le rapport de la Cnil, qui vient d’être publié, recense les différents acteurs impliqués. En plus du ministère des Affaires étrangères, pas moins de cinq entreprises privées interviennent dans le processus ! Elles reçoivent différentes données : liste des électeurs, coordonnées, identifiants, mots de passe [3]… (...)

surtout, seule une infime partie des citoyens est en mesure d’évaluer les risques, voire de comprendre le fonctionnement du système. Son opacité empêche tout contrôle, y compris a posteriori. Peut-être n’y aura-t-il aucun problème de piratage du serveur ou des ordinateurs des électeurs, aucun problème de transmission des votes. Peut-être n’y a-t-il aucun problème à confier à des entreprises privées – même dirigées par d’anciens membres de gouvernement – la mise en place d’un processus électoral national. Peut-être de récents progrès techniques ont-ils été réalisés, qui permettront de dépasser les bugs et failles des dernières expériences de vote par internet. Peut-être. Mais tout processus démocratique, pour être légitime, a besoin de certitudes. Avec l’élection par internet, tous les doutes sont permis. Les citoyens se verront-ils, à terme, ainsi déposséder de leurs bulletins de vote ?

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