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Le vrai visage de la « chasse aux Roms »
Article mis en ligne le 22 mars 2013

En bordure de Paris, un camp de Roms est menacé d’expulsion sans relogement, tandis que les élus UMP se mobilisent pour empêcher la construction d’une aire d’accueil, 700 mètres plus loin. Reportage.

Aux premières heures du jour, la fumée s’échappe déjà des cheminées de tôle trouées qui s’élèvent au-dessus d’un alignement de cabanes de fortune. Depuis le mercredi 20 mars, la dizaine de familles roumaines installées sur une bretelle désaffectée de l’autoroute A4, à la lisière du bois de Vincennes, s’attendent à être expulsées à tout moment. Dans un rudiment de français, engourdis et anxieux, trois parents racontent.

Il y a un an et demi, ils ont quitté la région de Buzau, en Roumanie, où ils tentaient de vivre comme ouvriers agricoles. Installés depuis dans des maisons montées de bric et de broc, ils vivent de récupération, en fouillant les poubelles à la recherche d’objets à vendre ou de nourriture. Deux groupes électrogènes et des poêles à bois leur offrent un confort rudimentaire. (...)

« Il n’y a jamais de solution de relogement, les Roms sont jetés à la rue comme des chiens », s’emporte Évelyne Perrin, retraitée et militante hyperactive qui accompagne ces familles avec un petit collectif d’habitants de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne). Depuis plusieurs mois, elle remue ciel et terre – de l’ambassade de Roumanie au Défenseur des droits, en passant par les mairies locales et les parlementaires – pour tenter de faire scolariser les 12 enfants du campement. « J’ai tout fait, mais rien n’a été possible », soupire la militante. (...)

Au même moment, à deux pas de là, devant la gare RER de Joinville-le-Pont, une poignée de militants UMP distribuent des tracts. À 700 mètres du campement, un parking doit être transformé en aire d’accueil pour « gens du voyage ».

La loi l’exige et le Conseil de Paris a validé, le 12 février, deux projets dans les bois de Vincennes et de Boulogne. Depuis, le sénateur UMP du Val-de-Marne, Christian Cambon, et 8 villes UMP ont lancé une pétition contre ce projet, qui doit voir le jour au premier trimestre 2014.

Envisagée depuis 2010 par la mairie de Paris, la construction de ces deux aires d’accueil s’est heurtée au refus systématique des élus locaux. En avril 2011, saisie par Claude Goasguen, maire UMP du XVIe arrondissement de Paris, la Commission départementale des sites déclarait la zone du bois de Boulogne « inondable ». Et le projet à Vincennes était ajourné en novembre 2011 sur le seul avis de la Commission supérieure des sites : une aire d’accueil sur un parking du bois trahirait le paysage. (...)

Les opposants au projet d’aire d’accueil dans le bois de Vincennes appellent à manifester, samedi 23 mars à 9 h 30, sur le parking concerné. Les militants qui soutiennent les Roms ont d’ores et déjà annoncé la tenue d’une contre-manifestation.