Contrairement à ce que lui reproche la droite, le gouvernement de François Hollande fait « des réformes ». Le CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi), le pacte de responsabilité et de solidarité (sic), ainsi que les récentes lois Macron et Rebsamen, participent à l’application d’un programme strictement néo-libéral. Il cherche ainsi à répondre aux revendications du patronat et à s’inscrire dans la doctrine des « institutions », en l’occurrence le FMI, la Commission européenne et l’OCDE
Le programme du Medef
Il n’est pas inutile de commencer par un bref rappel du projet du Medef (le patronat français) formalisé en septembre 2014, sous la forme d’un document fièrement intitulé 1 million d’emplois, c’est possible ! Ce programme est une offensive tous azimuts contre la condition salariale. Qu’on en juge :
• contre les congés payés : supprimer deux jours de congés payés par an ;
• contre le SMIC : un salaire pourrait être inférieur au SMIC pour les « populations les plus éloignées de l’emploi » ;
• contre les 35 heures : « en finir avec le principe d’une durée légale imposée à toutes les entreprises » ;
• contre les horaires encadrés : permettre l’ouverture des commerces le soir et le dimanche ;
• contre le contrat de travail : créer un contrat de projet qui « prendrait fin automatiquement une fois le projet réalisé » ;
• contre le droit du travail : « lisser » les seuils sociaux ;
• contre les « charges » : transformer le crédit d’impôt du CICE en baisse définitive de cotisations, avec suppression des taxes sur la production.
La nouveauté de ce document du Medef est qu’il proposait un chiffrage de ses mesures : le patronat promettait la création de 690 000 à 1 590 000 emplois en 5 ans [1]. Ce programme définit en tout cas une logique d’ensemble dans laquelle le gouvernement Hollande-Valls-Macron a choisi de s’inscrire.
Les réformes du gouvernement Hollande
Après la loi dite de « sécurisation de l’emploi » (un premier essai d’assouplissement du droit du travail) , après le CICE et le pacte dit de responsabilité (des cadeaux aux entreprises) qui se situaient déjà très clairement dans la logique néo-libérale, deux lois viennent d’être adoptées, non sans difficulté : la loi dite Macron (du nom du ministre de l’économie) le 9 juillet et la loi dite Rebsamen (du nom du ministre de l’emploi) le 23 juillet [2].
La loi Macron, dont le titre officiel est « Loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques », est inspirée par le projet de « libérer la croissance », bridée comme on le sait par des réglementations excessives. Elle fait feu de tout bois, et on a pu parler, à juste titre, de loi « fourre-tout ». On y trouve en effet des mesures sur le prix des lunettes et du permis de conduire, sur la manière dont une copropriété décide de raccorder son immeuble à la fibre optique et même un amendement ajouté in extremis autorisant un projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, dans la Meuse. Elle a donné lieu à une procédure d’évaluation très révélatrice du dogmatisme néo-libéral (voir annexe 1) La loi Rebsamen, ou encore « Loi relative au dialogue social et à l’emploi », est quant à elle le fruit d’une négociation avortée entre patronat et syndicats. (...)