
Les deux chercheurs belges Philippe Van Parijs et Yannick Vanderborght, le premier philosophe de l’université catholique de Louvain et le second politiste de l’université Saint-Louis, signent un nouvel ouvrage sur le revenu de base, qui reprend, actualise et développe en fait une précédente introduction à L’allocation universelle publiée en 2005 .
De quoi le revenu de base est-il le nom ?
Face aux défis majeurs posés par l’accroissement des inégalités, l’automatisation du travail et la crise écologique, ils proposent une solution radicale : la création d’un revenu de base inconditionnel. Les trois piliers d’un tel revenu de base sont rappelés : l’individualité, l’universalité et l’inconditionnalité. C’est sur ces derniers que pourrait reposer l’édification d’un « État-providence actif », une alternative à l’activation des dépenses sociales à travers la levée des freins comme le chômage (puisque le revenu de base encourage la réduction du temps de travail, donc le partage du travail) ou les trappes à inactivité (puisque le revenu de base est cumulable) et l’empowerment des personnes grâce au développement de leurs capacités en matière d’éducation et de formation. Le revenu de base est ainsi défini comme « un revenu monétaire régulier versé à tous, sur une base individuelle, sans condition de ressources ou d’emploi », qu’ils distinguent de versions proches comme : la dotation de base, simple capital de départ ; l’impôt négatif, revenu calculé selon le niveau de ressources ; le crédit d’impôt sur les revenus d’activité, revenu de complément pour les travailleurs pauvres ; les subventions à l’emploi, une aide à l’emploi versée aux entreprises ; l’emploi garanti avec un État comme employeur en dernière instance ; la réduction du temps de travail, organisation imposée par l’État.
Bien qu’engagé, prétendant constituer une alternative au socialisme comme au néolibéralisme, leur ouvrage ne constitue pas un manifeste mais plutôt un état de la question très documentée (...)
Le revenu de base a en tout cas besoin de trois catégories d’acteurs pour passer de l’utopie à la réalité : les visionnaires qui dessinent l’horizon, les militants qui font partager leur indignation et les bricoleurs qui crédibilisent les réformes et saisissent les opportunités de les faire adopter.
Au total, cet ouvrage est à la fois éclairant et inspirant (...)