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Le réquisitoire du Sénat sur la dégradation du métier enseignant
Article mis en ligne le 21 août 2022

"En euros constants, les enseignants français ont perdu entre 15 et 25 % de rémunération au cours des 20 dernières années". Des salaires en chute de près de 20% en 20 ans, devenus nettement plus faibles que les salaires du privé. Un temps d’enseignement nettement supérieur à celui des pays voisins pour des salaires nettement plus bas. Des conditions de travail parmi les plus dégradées de tous les pays de l’OCDE. Tout cela est connu. Mais ce réquisitoire sans appel ne vient pas d’un syndicat enseignant. Il est tiré du rapport du Sénat sur le budget de l’Education nationale. Budget malgré tout adopté sans modification par la commission des Finances du Sénat...

(...) Il est rare de voir le Sénat, majoritairement à droite, aller dans un sens favorable aux enseignants. On se rappelle du rapport Longuet (2016) qui avait calculé au plus mesquin les économies qu’on pouvait faire sur le dos des professeurs. Mais ce nouveau rapport de Gérard Longuet (LR) sur le budget 2022 de l’Education nationale apporte un éclairage particulièrement net sur ce qu’il faut bien nommer la dévalorisation matérielle mais aussi morale du métier enseignant.

Comment évaluer un corps de métier ? Le rapport el fait par l’évolution de ses rémunérations en comparaison avec celles du privé. Il le fait aussi par comparaison avec les autres pays. Enfin il introduit des éléments liés à la durée et aux conditions de travail. (...)

Des conditions de travail dégradées

Il y a d’autres éléments qui jouent sur la qualité du travail auxquelles le rapport a été sensible. A commencer par le degré de satisfaction des enseignants. " Près d’un quart des enseignants (24 % des professeurs des écoles et 25 % des enseignants en collège) se demandent s’ils n’auraient pas dû prendre une autre voie professionnelle. Environ 40 % des enseignants du second degré aimeraient travailler dans un autre établissement que le leur", note le rapport. Seulement 7% des enseignants français jugent leur métier valorisé par la société contre 17% en Europe. Seulement 8% pensent qu’ils peuvent influer sur les politiques éducatives contre 19% en moyenne en Europe.

Si les enseignants se déclarent satisfaits des relations avec les élèves, la vie de classe est plus pénible en France qu’ailleurs. " L’Argentine et le Brésil sont les seuls pays (de l’OCDE) où l’indice du climat de discipline est inférieur à la moyenne observée en France. Un élève français sur deux déclare qu’il y a du bruit et du désordre dans la plupart ou dans tous les cours, contre un sur trois en moyenne dans l’OCDE".

Cela a peut-être à voir avec le taux d’encadrement. " Dans le premier degré, la France présente le taux le plus fort au sein de l’Union européenne avec plus de 19 élèves par enseignant dans l’élémentaire et plus de 23 élèves par enseignant dans le préélémentaire", note le rapport. Dans le second degré on est à 14 élèves par enseignant contre 12 en moyenne en Europe, 9 en Belgique, 11 en Italie, en Suède, en Espagne. Enfin le nombre d’élèves par classe a fortement augmenté dans le second degré depuis les suppressions de postes de N Sarkozy. Et cela continue sauf dans l’enseignement professionnel. (...)

Face à cette situation, la "revalorisation" annoncée par JM Blanquer parait lilliputienne. 245 millions, répartis sur la moitié des enseignants, justement pas celle qui a connu la plus forte chute de pouvoir d’achat. Une revalorisation nettement inférieure aux accords PPCR, stoppés nets dans leur élan par le nouveau président. Les accords PPCR sont évalués par le même rapport à 1 milliards d’euros dont 26 millions en 2021 et 17 en 2022. La revalorisation "inédite" de JM Blanquer ne peut pas prétendre rendre le métier enseignant plus attractif dans ces conditions.