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Le "repassage des seins", du calvaire au traumatisme
Article mis en ligne le 11 février 2013

Le "repassage des seins" sévit toujours au Cameroun. Une pratique dangereuse qui consiste à écraser la poitrine des jeunes filles pour retarder l’activité sexuelle et favoriser la croissance.

Le "massage des seins", appelé aussi le "repassage" est une pratique constatée au Cameroun, en Guinée ou encore au Togo. Inventée et pratiquée par les mères, elle consiste à ralentir la croissance mammaire des jeunes filles afin d’éviter toute dérive sexuelle, rapports précoces ou encore d’attirer l’œil des garçons. Les conséquences physiques et psychologiques de cette coutume sont aussi graves et traumatisantes que l’excision.

En décembre 2005, deux anthropologues, le Dr. Flavien Ndonko et Germaine Ngo’o, s’intéressent au phénomène et décident de mener une enquête. Le résultat est accablant. Au Cameroun, elles seraient près de 24% à avoir vu leurs seins naissants écrasés. Une torture initiée par les mères qui font croire aux adolescentes que c’est un service qu’elles leur rendent. Toutefois, 7% des filles ont déclaré l’avoir fait d’elles-mêmes, de manière dissimulée, car elles étaient complexées par leur poitrine naissante alors que leurs camarades n’avaient encore rien.

Des poitrines plates...

Pour aplatir les seins, les mères utilisent souvent des pilons ou des pierres écrasées et chauffées. Il y a aussi la méthode des peaux de bananes plantain, de feuilles et de serviettes chaudes à appliquer sur les poitrines. Certaines vont plus loin encore en utilisant des "serres-seins" ou du sel et du pétrole. Les poitrines tombent au fur et à mesure des massages. (...)

Suite à ces pratiques, on note de nombreuses brûlures infections. Il arrive parfois que des femmes qui ne sont pas enceintes aient du lait maternel qui coule. Ces massages mammaires favoriseraient le cancer du sein. Une bonne partie des femmes et des filles interrogées par les anthropologues Ndonko et Ngo’o ont un cancer. Les muscles s’affaissent et certaines jeunes filles âgées d’à peine dix ans se retrouvent avec les seins d’une femme de 70 ans. Au-delà de la douleur physique, ces pratiques provoquent un malaise psychologique profond. Certaines n’osent pas se déshabiller et les seins qui tombent font souvent l’objet de blagues.

Malgré toutes ces douleurs physiques et psychologiques, certaines filles perpétueront la tradition pour, pensent-elles, « protéger » leur filles des regards masculins, d’un éventuel viol ou d’une grossesse. D’autres, comme Amélie, n’envisagent pas une seule seconde de perpétrer la tradition.