
L’écologie politique a développé un discours contre le nationalisme centralisateur et uniformisateur. Ce régionalisme « civique, démocratique et pluraliste », explique l’auteur de cette tribune, mérite d’être considéré à l’heure du rejet de l’altérité et du repli sur soi.
Contrairement à la plupart des autres familles politiques, l’écologie politique est fondamentalement rétive à la glorification de l’État-nation. À la place d’une France une et indivisible, les écologistes promeuvent traditionnellement une France plurielle et régionalisée. Ce discours est toutefois peu audible, voire marginalisé, dans l’ambiance cocardière actuelle et mérite d’être mieux valorisé comme antidote à la fermeture sur soi et au rejet de l’autre, comme recette pour une démocratie inclusive et dynamique.
De E. F. Schumacher (« Small is beautiful ») à René Dubos (« Penser global, agir local »), les premiers écologistes ont, dès leurs textes fondateurs, rejeté les grandes structures hiérarchisées et complexes, considérant que les États centralisés et unitaires ne pourraient pas résoudre les problèmes dont ils étaient la cause. Ils ont alors élaboré un régionalisme écologiste qui a pris deux grandes formes : le biorégionalisme et l’écorégionalisme. (...)
le régionalisme écologiste se caractérise par un attachement indéfectible à la diversité : il n’y a pas de région ou de culture supérieure aux autres. D’où le soutien d’EELV à la reconnaissance de la coofficialité des langues dites « régionales » là où elles sont parlées, pour qu’elles puissent s’épanouir dans l’espace public.
Ensuite, le régionalisme écologiste n’est pas identitaire, mais démocratique. (...)
le régionalisme écologiste est profondément solidaire : la région n’est pas une fin en soi, mais participe d’un tout, du local à la planète.
Ainsi, l’écologie politique a élaboré un discours fort et cohérent contre le nationalisme jacobin, uniformisateur et centralisateur, qui a pris la forme d’une véritable doxa en France. Alors que les crispations semblent s’accentuer contre toute forme d’altérité, le projet écologiste d’un régionalisme civique, démocratique et pluraliste mérite d’être reconsidéré. C’est peut-être la bouffée d’oxygène dont nos sociétés ont tant besoin.