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Respublica
Le peuple en marche
Article mis en ligne le 23 février 2011
dernière modification le 22 février 2011

Le spectacle d’un peuple faisant démonstration de sa force est une chose rare. On ne saurait le confondre avec celui d’une foule en délire. (...)

le peuple a un non seulement un visage mais il a aussi une voix : il parle.

La démocratie n’est pas réductible à un ensemble d’institutions, à un régime, autrement dit à une machinerie politique. Le 20 juin 1789 est un moment démocratique, et pourtant, la Constitution qui marquera la rupture avec l’Ancien Régime est encore loin d’être rédigée. Les grèves de 1936, qui échappèrent aux grandes organisations politiques, furent un moment démocratique. Mai 68 également. Rendons le mot démocratie à son étymologie : il y a démocratie lorsque le peuple sort de la passivité et devient actif1. En manifestant sa force, il fait acte d’autorité. La démocratie exige par conséquent davantage que des institutions. (...)

Dès lors que les individus se laissent aller à la passivité, dès lors qu’ils abandonnent le pouvoir aux gouvernants (parce qu’ils leur font une confiance aveugle, parce qu’ils deviennent indifférents à la chose politique, parce qu’ils ne sont pas suffisamment armés pour entrer dans le libre jeu des opinions), la démocratie n’existe plus que de nom. (...)

De là découle qu’il existe plusieurs façons de confisquer la démocratie. (...)

Pierre Mendès-France a été particulièrement clairvoyant : il a été le premier à voir que l’Europe allait être l’instrument de cette confiscation douce. « Le projet du marché commun, tel qu’il nous est présenté, déclara-t-il à l’Assemblée nationale le 18 janvier 1957, est basé sur le libéralisme classique du XXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme “providentiel”, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ». (...)

Alors, c’est avec enthousiasme mais aussi avec un peu d’envie que nous regardons le spectacle des cortèges de manifestants qui se mobilisent de l’autre côté de la Méditerranée. Malgré plusieurs tentatives, force est de constater que, depuis mai 68, le peuple français n’a pas réussi à en imposer aux gouvernants. Ce qui a manqué, ce n’est ni la lucidité ni le courage. C’est l’absence de débouché politique. Mais le peuple n’est pas pour autant à genoux. (...)

Il faut maintenant que la colère qui gronde se traduise dans les urnes. .(...)

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