
Grâce à la loi de l’offre et de la demande et aux luttes des travailleurs dans les pays à bas coût, le monde parviendra à son équilibre. Voilà le nouveau visage du libéralisme : Marx se réconcilie avec Ricardo. Voilà qui signe, toujours, la démission du politique devant la mondialisation.
(...) c’est le nouveau visage du « laisser faire ».
Le « laisser faire la lutte des classes ».
Qu’énonçaient, auparavant, les libéraux ? Que grâce à la loi de l’offre et de la demande (avec les « avantages comparatifs », la « spécialisation des zones », etc.), le monde parviendrait à un équilibre, et qu’il suffisait donc de patienter. Cette apaisante doctrine a pris du plomb dans son catéchisme. On lui ajoute donc un élément, pour la rendre plus présentable, plus conforme à l’air du temps : grâce à la loi de l’offre et de la demande et aux batailles des travailleurs dans les pays à bas coût, le monde parviendra à son équilibre. (...)
Tacitement, ce nouveau credo a emporté une adhésion quasi-générale. Mais le postulat central demeure : il suffit, encore et toujours, de laisser faire, de patienter – avec un fatalisme optimiste. En Occident, les salariés n’ont qu’à jouer les spectateurs, passifs. Au fond, et c’est l’essentiel, perdure une démission de la politique : nulle décision à prendre, ni contre le libre échange, ni contre les Zara, H&M, etc. Aucune urgence à imposer, dès maintenant, des entraves à la démesure du Capital. (...)
Demeure une question.
Quand viendra cet « équilibre » promis ? D’ici combien de siècles, les firmes auront-elles exploité tous les réservoirs de « main d’œuvre docile », comme il écrit, le rédacteur du Monde ? Et après quels cataclysmes, écologiques, sociaux ?
Tiens, je vais lui envoyer ma question à ce diseur de bonne aventure.
