
L’annonce d’une heure de remédiation en français et en mathématiques au collège, assurée sur la base du « volontariat » par les professeurs des écoles, relance le débat sur la revalorisation du salaire des enseignants. En arrière-plan, l’inquiétude sur le niveau des élèves français et le retour quotidien de la sacro-sainte dictée.
Pour soigner le collège, « l’homme malade du système scolaire » comme l’a appelé le ministre de l’Éducation nationale, un remède de cheval ? Une dose d’homéopathie plutôt, pour le corps enseignant et les parents, qui ont découvert la nouvelle circulaire sur le collège jeudi 12 janvier. Le ministre Pap Ndiaye avait annoncé, dès sa conférence de rentrée en septembre, vouloir s’attaquer à cet échelon, après la réforme du lycée menée par son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer.
L’ambition se résume à une heure de soutien ou d’approfondissement en français et en mathématiques en sixième, inspirée d’une expérimentation lancée depuis la rentrée de septembre seulement dans l’académie d’Amiens. Le dispositif « devoirs faits » dans l’établissement, qui bénéficie aujourd’hui à un collégien sur trois et à un élève sur deux en réseau d’éducation prioritaire, devrait également être généralisé, afin de lutter contre les inégalités sociales.
L’heure nouvelle consacrée aux « fondamentaux » sera prise sur le cours de technologie, qui disparaît dans le même temps du programme de sixième. La pénurie d’enseignant·es est notoire depuis longtemps dans cette matière. Le syndicat SE-Unsa a qualifié d’« illusoire » l’hypothèse que l’enseignement de technologie puisse être en contrepartie renforcé en cinquième, quatrième et troisième, ou alors « en enlevant des heures à d’autres disciplines, ce qui serait tout aussi inacceptable ». Pour les maths et le français, les élèves, répartis en petits groupes, seront accompagnés par des professeurs de l’établissement s’ils approfondissent et, s’ils ont besoin de soutien, par des enseignant·es de l’élémentaire. (...)
Sur le fond, pas de surprise. Même si l’analyse du « niveau » des collégiens français vis-à-vis de leurs homologues européens fait l’objet d’incessantes controverses, le ministre s’appuie sur les résultats des évaluations nationales menées à l’entrée de la sixième selon lesquelles près de 30 % des élèves n’ont pas le niveau requis en français et près d’un tiers en maths, un élève sur deux peinant à lire un texte. (...)
Le gouvernement compte sur le futur « pacte » en cours de concertation avec les organisations syndicales pour convaincre les professeur·es des écoles déjà en poste de s’emparer de cette mission supplémentaire, sur la base du volontariat. De quoi crisper un peu plus une discussion mal engagée entre les organisations professionnelles et le ministre, les premières plaidant pour une revalorisation « nette », au nom du décrochage du niveau de vie du corps enseignant, le second ne voulant pas concéder une augmentation pour toutes et tous sans nouvelle tâche.
Le pacte, « marotte présidentielle » pour le syndicat majoritaire Snes-FSU, ressemble à un « grossier synonyme de travailler plus pour gagner plus », juge le syndicat. Quant à la CGT Éducation, elle dénonce dans cette mesure pour le collège un « coup de com » aveugle aux détails pratiques (...)
Dans une autre note de service produite par le ministère le mercredi 11 janvier, détaillée par Franceinfo, les professeur·es des écoles ont également découvert des demandes très précises concernant l’apprentissage du français en primaire, qui ne sont pas sans rappeler les méthodes verticales de l’ancien ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer sur les questions pédagogiques.
Pap Ndiaye y préconise des dictées quotidiennes, et deux heures d’écriture et de lecture par jour. Plus directif encore, il demande aux enseignantes et enseignants du CM1 et du CM2 de lire au moins « deux textes longs », d’au moins mille mots chacun, toutes les semaines, pour améliorer la « fluence » (le fait de lire vite et distinctement) des petits lecteurs et lectrices. (...)
Si l’accord semble général sur le diagnostic, c’est donc bien le traitement de la question du « niveau » qui fait débat, les enseignant·es réclamant d’abord des profs dans toutes les classes et le retour des « réseaux d’aides » (ces équipes de maîtresses et de maîtres spécialisés pour un suivi « sur mesure » des élèves en difficulté) partout où ils sont nécessaires, au-delà des écoles classées éducation prioritaire. Ces professionnels réclament également depuis longtemps des effectifs moins chargés. Une autre étude du ministère, publiée en décembre dernier, a ainsi démontré que la France est le pays d’Europe où les élèves sont les plus nombreux par classe dans le premier cycle. (...)