
...Au mois de janvier dernier, la juridiction béarnaise avait conclu à l’illégalité de la fresque réalisée en mémoire des étrangers contraints de quitter la France. Elle avait enjoint à l’élu de la faire effacer en vertu du principe de neutralité des édifices publics. ...
Située en plein centre-ville de Billère, la peinture qui recouvre l’un des murs de la salle Robert-Lacaze est d’abord une affaire de mots. « Fraternité », « solidarité », « terre d’accueil », « entraide » apparaissent en grosses lettres. Les termes de « honte » et de « précarité » aussi. Non loin de quelques dessins représentant les avions qui ont emmené les 15 enfants dont les noms figurent sur une plaque.
« Cette œuvre relaie l’émotion éprouvée par la population lors de l’éloignement des étrangers, insiste Me Jean-François Blanco, l’avocat de la collectivité. Les locaux de la police de l’air et des frontières sont situés à Billère. C’est ici qu’on transférait les parents en situation irrégulière, mais aussi les élèves qu’on est allé chercher dans des écoles. » La dimension revendicative de la fresque, son caractère militant attesté par la mention RESF, l’acronyme de Réseau éducation sans frontières, ne relèvent-ils pas des libertés d’expression et de création garanties par la Constitution de la République ? « L’obligation de neutralité qu’on nous oppose peut aussi avoir un caractère liberticide. Il n’est pas possible d’ignorer certains drames humains », insiste Me Jean-François Blanco....
...La cour administrative d’appel rendra sa décision d’ici un mois. Si elle suit le rapporteur public, la ville de Billère pourrait rapidement se trouver dans une situation délicate pour peu qu’elle se refuse à abattre le mur des expulsés. Au regard « de la volonté du maire de ne pas appliquer les décisions de justice », le magistrat a demandé que la commune soit condamnée au paiement d’une astreinte financière par jour de retard....