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Le lycée où l’on apprend la sagesse plutôt que la compétition
Article mis en ligne le 15 janvier 2014
dernière modification le 11 janvier 2014

Brockwood Park school est un lycée créé par le philosophe et éducateur Jiddu Krishnamurti. Il est implanté en pleine campagne, au sud de la Grande-Bretagne. Une école où la quête de ses propres talents et la recherche d’un mode de vie juste, respectueux des hommes et de la planète, prime sur la course aux examens et aux diplômes.

(...)Le cours « Prends soin de la terre » est un grand classique de Brockwood Park. On y apprend, chaque semaine, à faire un potager et à respecter la terre en étudiant des sujets aussi vastes que l’écologie humaine, le changement climatique et la protection de la biodiversité.

En bordure du potager se dresse un petit immeuble en briques rouges qui abrite plusieurs salles de classe. Dans l’une d’elle, huit élèves regroupés autour d’un paperboard s’exercent aux joies âpres des mathématiques. Un peu plus loin, la salle de musique encombrée de guitares, violons, flûtes traversières et autre batterie, s’ouvre sur des rangées de choux et de salades.

La classe de français se trouve, elle, à l’étage du bâtiment principal, un manoir géorgien du XVIIIe sièce, en haut d’un petit escalier un peu raide, juste après la bibliothèque.(...)

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Ecologie
Le lycée où l’on apprend la sagesse plutôt que la compétition

Eric Tariant (Reporterre)

samedi 11 janvier 2014

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Brockwood Park school est un lycée créé par le philosophe et éducateur Jiddu Krishnamurti. Il est implanté en pleine campagne, au sud de la Grande-Bretagne. Une école où la quête de ses propres talents et la recherche d’un mode de vie juste, respectueux des hommes et de la planète, prime sur la course aux examens et aux diplômes.

 Reportage, Winchester (Royaume-Uni)

Sept lycéens sont assis sur des rondins de bois posés en cercle au milieu du potager. Ils discutent avec deux enseignants tout en cassant et en grignotant des noix. Le thème des échanges ? Les champignons. Quels sont les bons coins pour les trouver ? Comment distinguer ceux qui sont comestibles ? La discussion sera suivie d’une balade-cueillette au milieu des prairies qui entourent l’école. Le cours « Prends soin de la terre » est un grand classique de Brockwood Park. On y apprend, chaque semaine, à faire un potager et à respecter la terre en étudiant des sujets aussi vastes que l’écologie humaine, le changement climatique et la protection de la biodiversité.

En bordure du potager se dresse un petit immeuble en briques rouges qui abrite plusieurs salles de classe. Dans l’une d’elle, huit élèves regroupés autour d’un paperboard s’exercent aux joies âpres des mathématiques. Un peu plus loin, la salle de musique encombrée de guitares, violons, flûtes traversières et autre batterie, s’ouvre sur des rangées de choux et de salades.

La classe de français se trouve, elle, à l’étage du bâtiment principal, un manoir géorgien du XVIIIe sièce, en haut d’un petit escalier un peu raide, juste après la bibliothèque. Installés dans une pièce avec cheminée en marbre et moquette épaisse, six élèves dont une Russe, un Coréen et un Finlandais, déclament dans la langue de Molière des tirades enflammées. « Ici, chacun à sa place : la forte tête comme le rêveur. Nous sommes tous complémentaires. Il n’y pas de stigmatisation », dit Amel Ouhammou, la jeune professeur de français.

Trouver son talent et sa voie

Le lycée de Brockwood Park a été créé en 1969 par Jiddu Krishnamurti, un sage indien du XXe siècle, qui voulait que les lycéens puissent découvrir et étudier la vie dans sa totalité et son unité profonde. Ici, on est invité à explorer le monde extérieur, le monde du savoir, mais aussi sa propre pensée et ses émotions.

L’école réunit une soixantaine d’élèves âgés de quatorze à dix-neuf ans. Il existe également un cursus ouvert à des étudiants dits « matures », âgés de vingt-et-un à vingt-huit ans, qui travaillent à mi-temps dans l’établissement afin de payer leur séjour tout en étudiant ou en préparant un projet personnel.

Les cours ont lieu dans des classes de huit à dix élèves. Les élèves ne sont pas notés et les examens ne sont pas obligatoires. Pour Krishnamurti, l’école ne doit pas avoir pour seul but d’éduquer les élèves à exceller sur le plan scolaire et à se préparer à une carrière, mais à les aider à mieux vivre avec eux-mêmes et avec les autres et à découvrir leurs talents.

Tout est fait pour décourager la comparaison et la compétition

L’objectif du fondateur de Brockwood selon ses propres mots ? « Susciter l’apparition d’une nouvelle génération d’êtres humains libres de toute action égocentrique. Pour mettre fin aux luttes et aux conflits dans le monde qui nous entoure. » Krishnamurti tenait à ce que son école soit un internat international mixte. Un moyen d’apprendre la vie communautaire et de se frotter à la diversité humaine.

Cette année, le centre accueille soixante-douze élèves venus de venus pays des quatre continents. Comme une grande famille, élèves et enseignants vivent ensemble sur un pied d’égalité. Nulle trace d’autorité ou de supériorité. Il n’y a pas d’un côté celui qui sait et de l’autre celui qui apprend, mais une véritable relation faite d’attentions réciproques. Tout est fait pour décourager la comparaison et la compétition. Chacun participe à la vie de l’établissement et à son organisation. Les décisions importantes sont prises après avoir consulté toute l’école, personnel et élèves. Il en va ainsi du règlement intérieur qui est rediscuté collectivement année après année. Chaque élève est suivi par un tuteur qui devient une sorte de substitut parental bienveillant.

A Brockwood, les élèves préparent eux-mêmes en début d’année leur programme d’étude et leur emploi du temps avec la complicité des enseignants. Des cours particuliers sont parfois mis sur place pour un seul étudiant. (...)