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Le gouvernement laisse tomber les quartiers populaires
Mohamed Mechmache est président fondateur de la coordination nationale Pas sans nous, Nicky Tremblay et Fatima Mostefaoui en sont coprésidentes.
Article mis en ligne le 3 octobre 2017

Baisse du budget de la politique de la ville, disparition d’un ministère dédié, baisse des aides au logement et annulation de crédits pour le logement social, réduction des emplois aidés, loi Travail… Autant de mesures qui frappent particulièrement les quartiers populaires, déplorent les auteurs de cette tribune.

Monsieur le Président de la République,
Nous, militant.e.s des quartiers populaires, engagé.e.s quotidiennement dans la lutte contre les inégalités et les injustices que subissent ces quartiers et leurs habitant.e.s, tenons à vous faire part de notre très grande inquiétude à la suite des mesures annoncées par votre gouvernement tout au long de l’été. Ces décisions, justifiées par une volonté affichée de rigueur, accablent particulièrement les plus précaires d’entre nous et auront des conséquences désastreuses sur leur quotidien.
Dans un décret publié le 20 juillet, votre gouvernement annonçait ainsi une réduction de 46,5 millions d’euros du budget de la politique de la ville. Cette décision, prise unilatéralement, est en totale contradiction avec la contractualisation État/collectivité territoriale et la volonté de dialogue que vous avez régulièrement mise en avant notamment lors de la Conférence nationale des territoires à laquelle notre association était présente. L’État et de nombreuses collectivités ont dû revenir sur leurs engagements. Plusieurs municipalités ont ainsi annoncé que ces coupes budgétaires non prévues allaient les contraindre à annuler des projets sociaux et culturels et à réduire les subventions qu’elles s’étaient engagées à verser à des associations. Ce n’est pas le rétablissement du budget de la politique de la ville en 2018, comme l’a annoncé votre ministre chargé de cette politique dans son discours à Sarcelles, qui sauvera les projets et associations qui auront disparu à la suite des mesures prises en 2017.
Dès le mois de mai et l’annonce de votre gouvernement, il est apparu clairement que la politique de la ville, qui ne concerne pas moins de 5,5 millions de personnes, ne figurait pas sur votre agenda politique. La disparition du ministère qui lui était dédié, englouti dans un vaste ministère « de la Cohésion des territoires », était déjà un signal fort d’abandon envoyé aux habitant.e.s des quartiers populaires.
La politique de la ville vise à réduire les inégalités subies par ces quartiers. C’est une démarche fondamentale qui nécessite des moyens à la hauteur des objectifs qui lui ont été fixés. La priver de près de 11 % de son budget annuel, à l’aube des 40 ans de la politique de la ville, ne peut qu’être perçu comme un signe de mépris supplémentaire pour ces habitant.e.s.
L’annulation de 184,9 millions d’euros de crédits pour le logement social

Et ce d’autant que les mesures récemment annoncées par votre gouvernement ne pourront que renforcer les difficultés et les inégalités que rencontrent les habitant.e.s de ces espaces urbains au quotidien. (...)

En à peine deux mois, votre gouvernement a ainsi multiplié les mesures ciblant les plus précarisé.e.s. Elles n’auront pour d’autres résultats que de les fragiliser davantage. Vous avez défendu ces mesures en mettant en avant une nécessaire rigueur qui imposerait des sacrifices indispensables. Comment justifier alors votre projet de réforme de l’ISF qui privera la France de 4 milliards d’euros de recettes fiscales chaque année au bénéfice des plus aisés ?
Monsieur le Président, votre Premier ministre rappelait il y a peu qu’« un budget traduit des choix ». Nous tenons à attirer votre attention sur le fait que vos choix politiques ne pourront conduire qu’à une fragilisation croissante des habitant.e.s des quartiers populaires. A l’aube des 40 ans de la politique de la ville, nous vous demandons de revenir sur vos orientations budgétaires et de réinscrire pleinement les quartiers populaires et les injustices qu’ils subissent au cœur de votre action politique.